Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Alors que lentement mais sûrement, le nombre des vaccinations progresse, la contestation du passe sanitaire suit le même chemin. De nouvelles manifestations prévues à Vienne (Isère) ce samedi à l’initiative du groupe des Gilets jaunes, et à Lyon à la rentrée de septembre avec les acteurs culturels avec le Comité citoyen vigilance culture. Les opposants pourraient être renforcés dès ce 5 août avec la publication de l’arrêt du Conseil constitutionnel.
A Vienne (Isère), le groupe des Gilets jaunes vient de prendre position sur la question du passe sanitaire, et envisage un rassemblement samedi 7 août au Jardin de Cybèle. Voici le texte que ce collectif a publié.
« La crise covid a au moins un bon côté, elle est révélatrice de tout ce qui ne va pas dans notre pays, que ce soit économique, sanitaire, démocratique.
Notre collectif, né du mouvement des Gilets jaunes, a très vite compris que pour pouvoir lutter contre les injustices sociales, fiscales, climatiques, seule la mise en place d’une démocratie plus participative et plus transparente, dotée de forts contre-pouvoirs, pouvait nous permettre de réellement changer les choses. «
» Notre leitmotiv : inciter les gens à participer à la protection de l’ensemble de nos biens communs et à reprendre en main notre démocratie, tout en nous appuyant sur les valeurs républicaines qui sont le ciment de notre société.
Les libertés menacées
Aujourd’hui, celles-ci sont plus que jamais menacées. Le Pass sanitaire, que le gouvernement entend nous imposer, est un élément supplémentaire de leur démantèlement comme sa mise en place est un reniement supplémentaire des processus démocratiques : décisions par décret sur les jauges où le pass s’applique, temps imparti au parlement pour amender et voter le projet de loi, etc.
S’il est validé par le Conseil constitutionnel le 5 août prochain, ce Pass nous engagera tous sur une pente glissante, sur le plan démocratique, mais aussi sanitaire bien sûr et encore économique et social. Nos pensées vont aux professionnels des loisirs, de la restauration, de la culture qui non seulement se voient attribuer un rôle de contrôleur qui n’est pas le leur, mais encore risquent de voir la fréquentation de leurs établissements ou espaces chuter – on l’a déjà observé, notamment, dans les cinémas.
Le Collectif citoyen du Pays viennois avait fait le choix de ne pas se positionner depuis le début de la crise, tant sur sa gestion, bien qu’il nous ait été impossible de ne pas relever tous les mensonges étendus, que sur la vaccination. Nous ne pouvons plus nous taire tant nous sentons les dangers liberticides qui pèsent sur nous tous, tant nous constatons la volonté de fracturation de la société.
Lors d’une consultation du Cese en février-mars, 67% des Français (110 000 ont répondu à la consultation) s’étaient déclarés très défavorables au pass vaccinal, mettant déjà en avant l’atteinte aux libertés, la discrimination entre les citoyens, l’incertitude sur l’efficacité et la sûreté des vaccins.
Dans la foulée de la Défenseure des droits…
Plus récemment, la défenseure des droits a lancé dix alertes sur la loi d’élargissement du pass sanitaire et d’obligation vaccinale pour certaines professions.
Le comité national d’éthique – qui avait pourtant émis des réserves sur la vaccination des mineurs – n’a pour sa part, à aucun moment, été consulté.
Aucune parole autre que celle d’Emmanuel Macron n’a été entendue : le mépris, comme d’habitude, ce même mépris qui conduit directement à la défiance.Voilà pourquoi c’est à nous, les citoyens de nous ériger en contre-pouvoirs, à Vienne et partout en France, par centaines de milliers, et plus encore.
Nous devons tenter de faire en sorte que nos droits fondamentaux ne soient pas jetés aux oubliettes : droit de circuler, droit de travailler, droit de se soigner (même le Conseil de l’Ordre des médecins s’inquiète concernant l’accès aux soins pour tous), droit à l’éducation et bien entendu, droit au respect de l’intégrité physique. Nous n’oublions pas le droit à une information juste et impartiale, la nécessité d’un consentement libre et éclairé.
… et l’ordre des médecins
Voilà où nous sommes :
- Dans un monde où l’État ne peut rien organiser sans devoir faire appel à des cabinets privés.
- Dans un monde où c’est l’ensemble de nos données (activités, santé) qui sera collecté. Le pass sanitaire ne doit pas nous faire oublier qu’un citoyen français peut désormais être fiché pour ses opinions et non plus pour ses activités.
- Dans un monde qui rend de manière insidieuse une vaccination obligatoire alors qu’on ne connaît pas sa durée d’immunité et qu’il est évident que face au variant son efficacité diminue.
- Dans un monde où l’argent magique existe pour sauver les marchés financiers et la richesse des plus fortunés mais où l’on continue à fermer des lits d’hôpitaux, à mettre en place un impôt covid avec la prolongation de la Cades, à profiter de la crise pour imposer des réformes injustes (chômage, retraite)
Dans un monde où les politiques préfèrent diviser les citoyens au lieu de se remettre en question alors que le covid a mis aux yeux de tout le monde les failles de notre système (mondialisation, inégalités, importance des travailleurs de 1ere ligne, souffrance de notre système de santé)
Face aux lois liberticides, ne pas rester les bras croisés
Voulons-nous vraiment rester les bras croisés, accepter le chantage, la surveillance des uns par les autres, l’avènement d’une société encore plus inégalitaire où la division devient la règle, la collecte de nos données de santé… ? Le Pass sanitaire aujourd’hui, demain n’oublions pas, ca sera la reconnaissance faciale, l’utilisation de drones pour surveiller manifestants et « zones sensibles »… Soyons conscient que ce qui arrive aujourd’hui aux non vaccinés et aux vaccinés qui refusent ce Pass, peut arriver demain à d’autres, en somme à n’importe qui.
L’opposition à ce Pass sanitaire et à d’autres lois liberticides, dont les articles retoqués par le Conseil d’État reviennent maintenant par la petite porte, est un combat que nous ne menons pas depuis le 12 juillet mais depuis presque trois ans.
Et nous le redisons : malgré le prétexte de l’urgence, les citoyens français auraient dû être consultés. La question est plus large, bon nombre d’entre nous – et l’abstention record aux dernières élections en est une illustration supplémentaire – ne veulent plus se contenter de mettre un bulletin dans l’urne comme une carte blanche à des élus qui, en majorité, ne tiendront pas leurs engagements, souvent “déconnectés du réel”, toujours soumis à la pression constante des lobbys, parfois au service d’intérêts privés. Le Pass entre aussi dans cette bataille pour la mise en place d’une réelle démocratie participative seule à même de remettre en cause une défiance aujourd’hui généralisée.
CSA, Conseil constitutionnel, Cnil…
Dans ce contexte et pour revenir à la crise sanitaire, nous allons écrire une lettre ouverte qui entrera davantage dans les détails : pourquoi nous nous opposons au pass sanitaire, pourquoi c’est, selon nous, une loi liberticide de plus qui fait que nous sommes à une tournant historique de notre démocratie, pourquoi il est urgent de lutter contre la défiance, notamment grâce à la transparence et à une information fiable, honnête, crédible.
D’ailleurs, cette lettre s’adressera non seulement au Conseil constitutionnel et à l’ensemble de nos élus locaux, mais aussi à des organismes comme le CSA, à la CNIL et à la Défenseure des droits.
Dans ce contexte et pour revenir à la crise sanitaire, nous allons écrire une lettre ouverte qui entrera davantage dans les détails : pourquoi nous nous opposons au pass sanitaire, pourquoi c’est, selon nous, une loi liberticide de plus qui fait que nous sommes à une tournant historique de notre démocratie, pourquoi il est urgent de lutter contre la défiance, notamment grâce à la transparence et à une information fiable, honnête, crédible. D’ailleurs, cette lettre s’adressera non seulement au Conseil constitutionnel et à l’ensemble de nos élus locaux, mais aussi à des organismes comme le CSA, à la CNIL et à la Défenseure des droits.
Dans notre territoire, le Pays Viennois, nous comptons également tout faire pour protéger du mieux possible nos concitoyens, notamment les plus vulnérables, personnes âgées et enfants. A nos élus, nous demandons par exemple où en est l’installation des purificateurs d’air dans les établissements scolaires et autres, ce que devient l’analyse des eaux usées pour détecter la présence de virus, si la solution d’un chien renifleur faisant quotidiennement le tour des Ehpad a été envisagée. »
Entre Jardin de Cybèle à Vienne, et berges du Rhône à Lyon
Le groupe viennois des Gilets jaunes prolongera sa déclaration par un rassemblement au Jardin de Cybèle samedi 7 août 2021 à 16 heures, si les autorités pérefectorales en autorisent la tenue.
A Lyon (Rhône), le Comité citoyen vigilance culture donne rendez-vous le 8 septembre 2021 sur les berges du Rhône entre 17 heures et 20 heures, pour continuer à dire « oui à la liberté de la culture », comme c’était le cas le dernier jour de juillet, place Carnot à Lyon.
Les restrictions sanitaires ne brident pas la créativité des acteurs culturels, comme les responsables de salles de cinéma, comme à Vienne (Isère), où avec l’association Cinéclap est programmé au cinéma Amphi dès ce mercredi 3 août 2021 le film Titane, palme d’or du dernier Festival de Cannes.
(à suivre)
Passe sanitaire : Malgré les difficultés, des initiatives cinématographiques à Vienne et Autun