Par François Dalla-Riva, journaliste
En Occident, ce dimanche on entre dans le temps de la galette des rois, rappelant l’arrivée des mages à la créche de Bethléem. Deux semaines et demi après les chrétiens occidentaux les chrétiens d’Orient, notamment les orthodoxes, célèbrent Noël, c’est à dire la naissance de Jésus. L’existence en parallèle de deux calendriers, julien et grégorien est la raison de cette différence. Mais en Orient, comme en Occident, l’icône reste une voie de spiritualité importante. Explication sur ces spécificités calendaires et rencontre avec un écrivain d’icône rencontré au bord de la mer du Nord.
En ce dimanche 5 janvier, de Moscou à Istamboul et Athènes, en passant par les pays balkaniques, on fête Noël. 25 décembre-5 janvier tel est donc l’écart qui sépare les Eglises dépendant de Rome ou des traditions anglicane et réformée, et les Eglises d’Orient liées aux patriarcats orthodoxes de Constantinople et Moscou. Aux origines romaines de notre civilisation, il y avait le calendrier julien mis en place sous Jules César en – 46 avant notre ère pour réformer les calendriers romains primitifs. Devenue religion officielle de l’Etat sous l’empereur Constantin, la chrétienté fêtait la naissance de Jésus dans les premiers jours de janvier. Une date située artificiellement (à la différence de la fête de Pâques), puisqu’aucun écrit et encore moins « reportage » n’atteste de la naissance de celui que les chrétiens reconnaissent comme le Christ-Sauveur. Ce choix de calendrier se situait dans la période où le jour renaissant, on fêtait le retour du soleil, le Sol invictus.
Le calendrier julien aura la vie dure et franchira les divisions entre les chrétiens d’Orient et d’Occident consacrées au Moyen-Age. ce n’est que sous le pape Grégoire XIII que l’ordonnancement du temps établi sous Jules César par l’astronome Sosigène sera modifié en Europe. Le calendrier grégorien est un calendrier solaire, mis en place pour compenser le décalage entre le temps calendaire et le temps vrai, notamment entre l’équinoxe de printemps légal et l’équinoxe de printemps réel
Adopté à partir de 1582 dans les États catholiques, puis dans les pays protestants, le calendrier grégorien s’est étendu à l’ensemble du monde au début du XXe siècle. Il s’est imposé dans la majeure partie du monde pour les usages civils, mais de nombreux autres calendriers sont utilisés pour les usages religieux ou traditionnels, pour les religions juive, musulmane et asiatiques, par exemple.
La place centrale des icônes
A Noël comme pour toutes les liturgies de fêtes et même du dimanche, l’icône garde une place importante. Entrant dans l’église, les fidèles vont embrasser les icônes et se prosterner. Parmi elles, les icônes du Christ comme celui de Marie, la mère de Dieu sont au centre de cette dévotion. Pour les chrétiens orthodoxes, l’icône est l’Ecriture elle-même, c’est à dire la Parole de Dieu. On ne peint pas mais on écrit une icône. Autant dire que cet art revêt une originalité toute particulière. L’icône est aussi figure de communion, notamment l’icône de la Trinité de Roublev, symbole de l’œcuménisme. De plus en plus répandues dans l’Eglise catholique, elle a aussi une place particulière au sein de la communauté œcuménique de Taizé en Saône-et-Loire
Il y a vingt ans, alors qu’il venait de prendre sa retraite, François Helaers s’est lancé dans une belle aventure. La peinture est devenue sa vie. Peintures de paysages marins, mais encore plus écrivain d’icônes. Cet habitant de Dixmude, dans la Flandre du Nord, à quelques kilomètres de la frontière française mais aussi d’Ostende en a fait sa spécialité.
C’est au côté d’un moine que durant deux semaines, il s’est initié à cet art. et depuis deux décennies, il poursuit son écriture, multipliant les copies de la tradition orthodoxe. Il ne compte plus les représentations de la Mère de Dieu qu’il a réalisées, mais il est loin d’avoir épuisé les quelques 600 figures de la Vierge Marie.
Qu’est-ce qui peut pousser un retraité à se consacrer à cette écriture ? Rencontré lors d’une exposition qu’il a réalisé à l’été 2013 dans la petite ville côtière belge de Newport, François Helaers s’explique. Il évoque vingt ans de peinture d’icônes au pays des Primitifs flamands. Des propos recueillis par François Dalla-Riva.