Du 15 octobre au 3 décembre 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme s’est déployée entre Marseille et Paris. Née aux Minguettes, dans la Zup de Vénissieux (Rhône) après le tir d’un policier sur Toumi Djaidja, cette protestation de jeunes coordonnée par le Père Christian Delorme a été un bel exemple d’action non-violente. Reçus par le président François Mitterrand, les jeunes ont contribué au vote d’une loi contre les discriminations racistes.
Quarante ans plus tard, un film est né grâce à la ténacité de Nadia Lakhdar qui a porté pendant dix ans son scénario avant qu’il ne soit accepté par le réalisateur Nabil Ben Yadir et le producteur Hugo Sélignac. Le Père Delorme est incarné par le comédien belge Olivier Gourmet. La Marche est sortie sur les écrans français mi-novembre.
Enfant du quartier populaire lyonnais de la Guillotière, Christian Delorme est passé par les mouvements non-violents, la Cimade et l’association des prêtres du Prado dont il est membre. Dans un livre récent paru aux éditions Bayard (La Marche : la véritable histoire qui a inspiré le film), le prêtre parle de la marche pour l’égalité et contre le racisme, mais aussi de son parcours personnel qui a précédé. Un cheminement qui l’a conduite des prostituées en grève dans l’église St Nizier accompagnées par le mouvement du Nid au quartier Monmousseau où il a rencontré des animateurs de la MJC et des éducateurs de rue. C’est lç que quelques mois avant la marche il mènera, avec le pasteur Jean Costil, protestant réformé, une grève de la faim avec des jeunes au sein de l’association SOS Avenir Minguettes.
Mardi 10 décembre, la librairie lyonnaise La Procure accueillait Christian Delorme. En ce jour où on rendait hommage à Nelson Mandela, naturellement, la première question qui lui a été posée portait sur l’exemple du résistant sud-africain au racisme libéré après 27 ans de prison. Le Père Delorme témoigne. Des propos recueillis par Jean-François Cullafroz.