Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien de Genève)
Il y a 150 ans, jour pour jour, le mouvement de la Commune de Lyon était écrasé par les forces bourgeoises, mettant un terme sept mois révolutionnaires vécus entre Rhône et Saône. Demain 1er mai, la fête des travailleurs-euses sera vécue différemment selon les organisations syndicales, entre défilé, distribution de tracts et visioconférence. A trente kilomètres de Lyon, à Givors (Rhône), les acteurs culturels invitent à se rassembler pour la réouverture des théâtres, cinémas, musées… Parmi d’autres présentations, théâtre et chant rappelleront les Communes de 1870-71 en France.
Comme à Saint-Étienne et Paris, à Lyon… , le mouvement révolutionnaire de 1870-71 a été écrasé par la force des armées républicaines, mais au service de la bourgeoisie. A Paris, c’est Adolphe Thiers qui fait fusiller des dizaines de milliers de personnes, emprisonner, déporter en Nouvelle-Calédonie. A Lyon, les donneurs d’ordres répressifs s’appellent Jacques-Louis Hénon…
Pourtant, dès le 4 septembre 1870, avec Désiré Barodet, il avait fait partie des Républicains et quelques membres de l’Association internationale des travailleurs qui s’étaient emparé de l’Hôtel de Ville, où le drapeau rouge va flotter plusieurs mois.
A Lyon, la révolte ouvrière avait grondé dès le 13 août 1870 à la Croix-Rousse où la République était proclamée. Chaque soir, la foule s’était groupée entre les Terreaux et l’Opéra. L’armée mise en déroute à Sedan, l’empereur prisonnier capitule et à Lyon, c’est le début de la Commune qui durera jusqu’au 30 avril 1871.
L’esprit frondeur et fédéraliste lyonnais
Les événements révolutionnaires de 1793 sont encore présents dans beaucoup de mémoires militantes, et jusqu’à fin avril 1871, soufflera l’esprit frondeur lyonnais, celui de Guignol, dans une démarche d’autonomie et de fédéralisme propre aux Girondins, souvent opposée aux décisions jacobines parisiennes incarnées par Gambetta. Le drapeau rouge flotte sur la mairie centrale… mais la révolte est surveillée de près par le préfet Challemel-Lacour.
Les socialistes de l’Internationale bénéficient du renfort de militant.e.s venu.e.s de Suisse, tel Mikhael Bakounine. Fin septembre, une affiche rouge de la Fédération révolutionnaire des Communes est rédigée par des Communards lyonnais, mais aussi de Tarare, Saint-Étienne et Marseille. Ils décrètent que « la machine administrative et gouvernementale de l’État, étant devenue impuissante, est abolie… Le peuple de France rentre en pleine possession de lui-même. Tous les tribunaux criminels et civils sont suspendus et remplacés par la justice du peuple. »
A Lyon, les premières mesures de la Commune concernent la laïcisation de l’enseignement, et à l’instar d’autres femmes, ouvrières et ouvrières du textile, les institutrices sont très actives. Tout comme Louise Michel à Paris.
Une plaque commémorative devrait être apposée par les Amis de la Commune et la Libre pensée à Lyon, Grande rue de la Guillotière sur les lieux où la dernière barricade fut écrasée par l’armée.
Samedi 1er mai en après-midi, ces événements seront évoqués lors du rassemblement culturel organisé à Givors (Rhône) entre l’Hôtel de ville et le kiosque à musique.
Initiatives syndicales à Lyon : entre manif et distribution de tracts
Samedi 1er mai, à Lyon, un défilé syndical est programmé à l’initiative de l’Intersyndicale CGT-FSU-Solidaires-CNT-CNT-SO et UNEF. Le rendez-vous est donné place Jean-Macé à 10h30 pour une manifestation jusqu’à la place Bellecour. rassemblement aussi à Villefranche-sur-Saône à 10h30 place de la Libération.
Pour sa part, dès 8h30, l’Union territoriale CFDT Lyon-Rhône procèdera à des distributions de tracts devant quatre magasins Monoprix de l’agglomération lyonnaise, dont l’enseigne vient de faire alliance avec Amazon. Rendez-vous à Lyon rue de Cuire (Croix-Rousse), rue Michel Berthet (Vaise), Rue du Pdt Édouard Herriot (Terreaux) et à Villeurbanne (rue J. Bourgey).
Puis, à partir de 10h30, les militant.e.s sont invité.e.s à se retrouver pour un temps d’échanges vidéo en direct, qui se tiendra en présence des secrétaires généraux Laurent Berger et Marylise Léon.
De son côté, l’Union départementale Force Ouvrière devrait donner rendez-vous devant la mairie du 4e arrondissement de Lyon devant la plaque rappelant la révolution des Canuts de 1831 et 1834.
(à suivre)
Notre prochain article : A Givors, les acteurs culturels vous invitent le 1er mai 2021