Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Roger Sagnard et Geneviève Roussel-Martin sont entrés en poésie naturellement. Entre musique et littérature, leurs vers sont des appels à s’extraire des difficultés quotidiennes en pratiquant une activité créative jouissive et transmissible. Nous avons rencontré ces militants CFDT tous deux originaires du Sud, l’ancien cheminot né à Marseille, et la secrétaire, très attachée aux Hautes-Alpes. Ils sont militants CFDT, à Caluire pour l’un, et Villefranche-sur-Saône pour l’autre, et œuvrent au sein de l’Équipe Histoire-Archives-Mémoire de la CFDT du Rhône.
Comment vous est venue l’envie d’écrire des poèmes ?
Roger Sagnard : Depuis que je suis tout jeune, j’entretiens un journal intime, mais la poésie est venue à la retraite, il y a une trentaine d’années. J’étais à Lyon, et j’ai pris contact avec le Salon des poètes qui comptait une centaine de personnes.
A vrai dire, j’ai toujours eu la poésie dans l’esprit, j’écrivais, mais la musique a pris le dessus. Un voisin de mon village, Saint-Paul-le-Jeune, m’a mis sur le chemin du solfège puis de la clarinette que j’ai pratiqué avec l’Harmonie des ouvriers-mineurs de Bessèges (Gard), puis à l’armée où je me suis engagé, au 7e régiment du Génie à Avignon… Gounod, Verdi, Mozart, Schubert… il y a beaucoup de poésie dans leurs œuvres !
Geneviève Roussel-Martin : Mes débuts en poésie sont plus récents, une vingtaine d’années. Ils datent d’une période où je rencontrais des difficultés personnelles : maladies de mes parents, réorientation professionnelle à plus de 50 ans, dont quinze passés au sein de Loisirs-Vacances-Tourisme (LVT). Écrire des poèmes m’aidait à surmonter mes soucis, à voir les choses d’un autre point de vue.
Quels sont vos thèmes favoris ?
Geneviève Roussel-Martin : Originaire des montagnes, je suis très proche de la nature, et en parler me procure un bien fou. Mais je parle de tout, avec la volonté de faire partager à d’autres ce que je ressens, aussi bien en regard des saisons que du temps qui passe. J’ai écrit sur le « Gris d’hiver », mais aussi « La lenteur », « Écouter », « Être »…
Dans un monde où tout est cadré, la poésie apporte une ouverture qui est reçue différemment d’une personne à l’autre. Elle génère des ondes, comme lorsqu’on lance un galet dans l’eau… Plus encore que les mots, c’est la façon de les assembler qui me passionne, à la façon d’un artisan qui travaille sur la matière.
Roger Sagnard : Aucun sujet ne m’est étranger, qu’il soit « politique », philosophique, religieux… la mémoire du passé, le présent et les perspectives de l’avenir. On ne peut aborder le mystère de la vie sans cette mémoire, et la poésie l’alimente.
N’avez-vous jamais pensé à publier vos écrits ?
Roger Sagnard : Grâce au Salon des poètes lyonnais, certains de mes poèmes ont déjà été connus. J’ai commencé une fresque ultime où j’ai rassemblé mes propres écrits et des citations de gens que j’aime bien. Pour moi, Victor Hugo reste une référence.
Geneviève Roussel-Martin : Sous mon nom de plume Germaine Mont-Riou (en hommage à Germaine Tillion) quelques poèmes sont sur internet, mais en fait je n’ai jamais publié de recueil. Je voudrais en publier un sous le titre « Ages en Vie Poésie ». Il reflète des choses intenses à divers moments de la vie : bébé et maman, jeune fille qui se révolte, personnes âgées… Ma sœur Marie-Rose a préparé des illustrations au fusain.
Comme Roger, j’aime beaucoup Hugo, mais aussi Verlaine, Marceline Desbordes-Valmore, Anna de Noailles, Prévert, Aragon, Desnos… Récemment j’ai découvert Yvon Le Men, le Prix Goncourt 2019 des poètes, et son recueil « Un cri fendu en mille ».
(à suivre)
Prochain article : Poètes et militant.e.s syndicaux (2) : en vers ou en prose