Article de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire et tribune d’Alain Goguey, syndicaliste et militant de l’économie sociale et solidaire, tous deux journalistes professionnels honoraires en retraite active.
Le 1er mai 2020 a été marqué par l’absence de manifestation de rue ou de rassemblement, mais pour autant, des citoyen.ne.s engagé.e.s ont témoigné de leur conviction de la nécessité de changer le monde…
A Vienne (Isère), en ce 1er mai, le confinement n’a pas empêché des associations viennoises ont souhaité manifester depuis leurs balcons et à leurs fenêtres. Pour ces membres des associations ANV-Cop 21, Extinction Rebellion, Attac.. » confiné.e.s mais pas silencieux-ses ! La preuve ! Quelques militant.e.s d’association et d’organisations viennoises ont réussi, malgré tout, à faire une manif virtuelle en chanson. »
Toutes et tous ont donné rendez-vous également sur les réseaux (FB, Twitter, Instagram…) pour partager photos, vidéos avec #PourLeJourDAprès, #PlusQueJamaisLe1erMai et #OnNoublieraPas.
Vous pourrez retrouver un reportage avec ces chansons interprétés en confinement.
Pour Alain Goguey, syndicaliste et militant de l’économie sociale et solidaire, journaliste professionnel en retraite active; le 1er mai était l’occasion de livrer ce qu’il avait sur le cœur.
» Un 1er Mai sans manifestations du fait du confinement et de l’état
d’urgence sanitaire. L’actualité de ce 1er Mai 2020, totalement inédit
depuis la Libération, est venu nous rappeler que nous avons au
gouvernement la pire ministre du Travail depuis le régime de Vichy de
Pétain. Plus proche du CAC 40 que des travailleurs, elle symbolise
jusqu’à la caricature, un pouvoir pour lequel elle a su mobiliser
l’argent des possédants pour aider au décollage de la fusée du futur
président Macron.
Après avoir largement influencé sous le mandat de François Hollande, la
Loi Valls – El Khomri, depuis qu’il est Président de la République,
Emmanuel Macron n’a eu de cesse de continuer à démolir le Code du travail.
Avec un gouvernement à sa main et sa ministre, il a détricoté le code du
travail, inversé la hiérarchie des normes, durci le régime
d’indemnisation des demandeurs d’emploi, réprimé les manifestations qui
protestent contre la casse sociale organisée, notamment celle des
services publics, dont celui de la santé et des régimes de retraite.
La loi d’urgence a ouvert les vannes…
Depuis, grâce à la loi d’état d’urgence sanitaire, il a ouvert les
vannes des dérogations au droit du travail. Et, sous couvert de
situation de crise, sa ministre du Travail a fortement limité le pouvoir
de contrôle de l’inspection du travail et elle n’hésite pas à désavouer
les fonctionnaires du travail qui restent attentifs à la préservation de
la santé des salariés. Aujourd’hui il feint de découvrir les premiers de corvée après avoir largement encouragé les premiers de cordée même lorsque ceux-ci coupent la corde de la solidarité qui les rattache à tous ceux qui sont en-dessous.
Le confinement a exacerbé encore un peu plus les inégalités et les
injustices sociales. Il a aussi montré le formidable élan de tous ceux qui, sur le terrain, au plus près des habitants, pallient les carences de l’État, contrent
les atermoiements et les mensonges et fabriquent des masques, des sur
blouses ou distribuent des aides alimentaires. Pour se mobiliser, les
citoyens et leurs associations n’ont pas eu besoin d’injonctions d’un
pouvoir vertical de moins en moins crédible.
Gardons nous d’oublier que tous ces soignants que l’on applaudit chaque
soir, ce pouvoir les réprimait l’an dernier lorsqu’ils nous alertaient
sur l’état de délitement de notre système hospitalier. Rappelons aussi
que ces premiers de corvée, qui sont aujourd’hui au front pour éviter
que la société ne s’écroule, appartiennent presque tous aux catégories
de salariés les moins reconnues et les plus mal payées.
Alors que la crise sanitaire est loin d’être terminée et que la crise
économique, sociale et alimentaire pour les plus précaires d’entre nous,
arrive à grands pas, les Français ont montré une formidable capacité de
résilience.
De résilience à résistance, il n’y a pas que la rime qui est commune
Résister et ne pas se laisser prendre au piège d’un macronisme en
apparence plus humble, moins triomphant et moins arrogant pour
construire par la mobilisation et par la lutte, le monde d’après, un
monde d’entraide et de solidarité, plus respectueux des humains et de
leur environnement, plus démocratique et plus juste socialement.
Et pour nourrir cet esprit de résistance, je vous invite à écouter cette
très belle et très poétique ode aux premiers de corvée que sont les
Mains d’or de Bernard Lavilliers.
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Coronavirus (11) :En sortie de confinement, ils manifestaient dans la rue… à vélo