Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Avec la perspective du déconfinement annoncé le 13 avril 2020 par le président de la République pour le 11 mai, il est sans nul doute salutaire, pour chacun.e d’entre nous, et pour les sociétés locale, nationale et mondiale, de réfléchir l’après-crise sanitaire. Et si on pouvait envisager un monde meilleur… et pourquoi pas, s’inspirer du programme du Conseil national de la Résistance, sans paraître pour cela ringard ou has-been.
» Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale « , déclarait le président de la République le 16 mars 2020, dans son discours écouté par 35 millions de téléspectateurs.
Et en conclusion de son allocution du 16 avril, il soulignait : » Mes chers compatriotes, nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les Jours Heureux. J’en ai la conviction. «
De belles paroles, qui tout en expliquant les moyens pris pour la sécurité sanitaire de la populaire, et tout en reconnaissant avec « humilité » les lacunes gouvernementales, invitaient fortement à la reprise du travail.
« A un moment de vérité qui impose plus d’ambition, plus d’audace, un moment derefondation », ajoutait le président de la République ». » Il faudra demain rebâtir notre économie plus forte afin de produire et redonner plein espoir à nos salariés, nos entrepreneurs, garder notre indépendance financière « , annonçait-il à des concitoyens, » tous solidaires, fraternels, unis, concitoyens d’un pays qui fait face. Concitoyens d’un pays qui débat, qui discute, qui continue de vivre sa vie démocratique, mais qui reste uni. »
Depuis, des associations, des collectifs, des syndicats, des intellectuels ont répondu à ces propos lénifiants.
Un appel de l’Onu à une réaction mondiale, la pétition d’une quinzaine d’organisations solidaires et de syndicats (dont la CGT et la FSU et Solidaires, mais aussi Greenpeace, Oxfam et le CCFD, les propos de Laurent Berger sur LCI ou les réflexions de Bruno Latour et les 30 propositions pour une France plus soutenable d’un collectif, dont l’économiste Eloi Laurent.
Il faut encore citer la longue interview du sociologue Edgar Morin dans le quotidien Le Monde de ce 19 janvier, où il annonce notamment : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien ». Et les mises en garde de Pierre Rabhi dans Le Dauphiné libéré de ce même dimanche, plaidant une nouvelle fois pour une » sobriété heureuse « .
Avec ces appels de Sages, les pétitions et travaux de collectifs comme le Pacte du pouvoir de vivre, et au-delà de la gestion immédiate de la crise et de sa sortie, ceux qui gouvernent peuvent-ils déjà penser à mettre en route une sortie qui conduise à un monde différent au plan mondial.
» Rien ne sera comme sera. Il nous appartient d’inventer un modèle plus juste socialement, plus équilibré économiquement, plus performant sur le plan écologique, il nous faut redéfinir un modèle de développement où aillent de pair la justice, l’égalité et la fraternité. Pour cela la confrontation des idées est nécessaire « . Ces propos du secrétaire général de la CFDT et président de la Confédération européenne des syndicats
Des propos à confronter aux déclarations que fera le Premier ministre ce 19 avril, et aux décisions que prendra le conseil des chefs d’État européens, qui se réunira en visio-conférence le jeudi 23 avril.
(à suivre)
Notre prochain article : Coronavirus (9) : Quelques pistes pour aller vers des jours heureux…