Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Dans le cadre du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, Le Maitron, André Vessot a interviewé Marcel Cros sur 80 années de militantisme ( © Pierre Nouvelle )..
Issu d’un milieu populaire du quartier de Perrache à Lyon, Marcel Cros s’est engagé tout jeune dans le scoutisme, puis la Jeunesse ouvrière chrétienne. Cette voie au service des autres ne l’a plus quittée. Quatre-vingt ans plus tard, il a accepté de regarder dans le rétroviseur et de livrer les moments importants de ce parcours de vie. Entretien avec ce militant jovial et sympathique mené avec la complicité d’André Vessot, coordinateur du Groupe Histoire-mémoire-Archives de la CFDT du Rhône.
Après 70 ans d’adhésion syndicale à la CFTC puis la CFDT, Marcel Cros reste fidèle à ses engagements initiaux ( © Pierre Nouvelle ).
Marcel Cros est tombé dans la marmite de l’engagement dès sa plus tendre enfance. Rien d’étonnant pour ce Lyonnais qui a vécu de l’autre côté des voûtes de Perrache, sur le terrain qui conduit à la confluence des deux fleuves. La famille habitait près du dépôt des Omnibus et tramways de Lyon (OTL), une entreprise de transports au sein de laquelle le pater familias était watman.
A la différence des Pays nordiques ou de l’Est et de la Suisse, la circulation des trams a été arrêtée en 1956 à Lyon, avant d’être remise sur rail cinquante ans plus tard reprenant un certain nombre des tracés anciens ( © DT/Wikipédia ).
Rien ne satisfaisait plus le jeune Marcel quand son père le prenait sur ses genoux et lui laissait la manette de conduite. Le week-end, il fréquentait la troupe scoute de la paroisse Sainte Blandine. Marcel se souvient de cette promesse qui a scellé la suite de son engagement, puis de la fête du 10e anniversaire de la Jeunesse ouvrière chrétienne qui en a été une autre concrétisation.
Avec ces deux mouvements, son parcours militant était tracé et il le suivra au fil de ses différents emplois dans la pharmacie, les assurances, l’hôtellerie puis le Gaz de France où il entrera en 1949. Souvenir, souvenir…
A la Libération, les entreprises publiques sont en pleine essor dans la foulée des nationalisations de Renault, Berliet et la création d’EDF-GDF. C’est dans la partie gaz de l’entreprise que Marcel fait ses débuts en 1949.
L’année suivante, il se syndique à la CFTC, et en 1964 passera tout naturellement à la CFDT qui est créée suite au congrès du Palais des sports de Paris. Depuis, il n’a pas raté une année de cotisation : 70 ans, un sacré bail !
Comment expliquer une telle longévité militante, tant au plan syndical que familial avec la Fédération nationale des familles de France (FFF), mais aussi de la commune de Dardilly (Rhône) dont il sera adjoint aux affaires sociales.
Sans oublier les nombreuses responsabilités dans les « œuvres sociales » de l’entreprise EDF-GDF. Marcel Cros confie ce qui la nourrit.
Marcel Cros, un chrétien critique et catho rebelle ?
Un des moteurs de son action est l’accord constant avec son épouse Régine sur ce chemin tourné vers les autres. Si lui était engagé dans son entreprise, elle ne ménageait pas son temps dans des associations.
Le couple Marcel-Régine avait baptisé leur maison de Dardilly « Do mi si la do ré », initiales des prénoms de leurs six enfants, un témoignage de leur attachement à cette famille nombreuse. .
Des enfants à qui ils ont transmis leur foi chrétienne. Aujourd’hui, veuf, Marcel se revendique encore aujourd’hui de ses convictions qu’il a solidifiée au contact de théologiens lyonnais comme le Père jésuite François Varillon . Mais, comme une de ses filles, elle-même religieuse, il est plutôt partisan du pape François, lui aussi membre de la Compagnie de Jésus, et craint plus que tout ceux qui à Rome et ailleurs voudraient un retour aux pratiques du passé.