Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Samedi 16 novembre 2019, le 53e rendez-vous des Gilets jaunes a été annoncé à cors et à cris sur les ondes et les écrans. Beaucoup de titres et d’antennes pronostiquaient une journée de violence. Si à Paris, les black-bloc ont effectivement fait parler d’eux, dans les régions, c’est pacifiquement que s’est déroulé le premier anniversaire de ce mouvement social inédit. Rencontres, entre terre dauphinoise et rhodanienne, avec des militants à Vienne, Lyon et Saint-Clair-du-Rhône.
Même lorsque les titres de la presse écrite évoquent des actions pacifiques, le journal le fait sur un fond d’embrasement. Sur le terrain, en région, les ronds points ont été à nouveau occupés. Les Gilets jaunes étaient en nombre plus modeste qu’un an plus tôt, mais ils avaient tenu à se réunir sur le lieu de départ de leur mouvement. Et dans un certain nombre de villes, cette occupation s’est poursuivie jusqu’au dimanche soir.
C’était le cas à Vienne sur le rond-point VGA, au sud de la ville, sur la nationale 7. Tard, samedi 16 novembre, une cabane avait été reconstruite et un brasero brûlait afin de réchauffer celles et ceux qui avaient décidé de passer la nuit ici.
Pour les Gilets jaunes qui avaient décidé de passer la journée dans le froid, les revendications restaient pendantes. La prime accordée en janvier par le président Macron n’a pas fait disparaitre l’aspiration à plus de justice fiscale et sociale. Malgré le plaisir de se retrouver sur le rond point, la nécessité d’un meilleur pouvoir d’achat subsiste.
A Saint-Clair-du-Rhône, c’est la même demande. Avec en plus, le ressenti de ne pas être écouté.
C’est ce qu’exprime Albert Hugny qui a plaidé la cause des personnes à mobilité réduite auprès des parlementaires; et qui n’a reçu aucune réponse à son cahier de revendications.
A Lyon, la manifestation était interdite par le préfet de région. Mais, pour autant, un millier de personnes qui ne portaient pas toutes leurs gilets jaunes se sont rassemblées place Bellecour.
Elles n’ont pu défiler et quelques escarmouches ont éclaté. Barricadées, les rues avoisinantes n’en ont pas pâti, et les Lyonnais étaient nombreux, par exemple rue de la République à faire leurs achats.
Nous avons rencontré Nelson (nom d’emprunt) qui exprime sa colère. Ce responsable de chantier dans une grande entreprises de BTP de la ville assure la coordination avec les personnels soignants afin d’assurer une fois par mois la gratuité des parkings des hôpitaux. Une gratuité qu’il souhaite permanente.
Élevant seule une fille de six ans, il constate les limites apportée par le gouvernement à l’allocation qu’il percevait.
(à suivvre)
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