Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Mardi 22 octobre 2019, le Grand amphi de l’université Louis Lumière était empli d’un public peu habitué à ces lieux. Des syndicalistes, femmes et hommes, en grande partie retraités, rejoints par quelques étudiant.e.s ont analysé durant toute une demie-journée l’état actuel du syndicalisme. Ils ont envisagé des perspectives, à l’aune des enjeux numériques et environnementaux qui marquent la planète et sa mondialisation. Un temps de réflexion qui dépassait les frontières syndicales grâce au Forum syndical européen (FSE) et au laboratoire Triangle de l’université Lyon 2. La mémoire de Louis Viannet et de la conception du syndicalisme rassemblé a fourni la toile de fond de cette initiative unitaire. Reportage et entretiens avec des acteurs de cette manifestation.
« Le syndicalisme est mortel ». Cette remarque formulé à vingt ans d’intervalle par Louis Viannet, secrétaire général de la CGT, et Laurent Berger, numéro un de la CFDT a ouvert l’après-midi réflexif initié par le Forum syndical européen (FSE) et Triangle, un des laboratoires universitaires de l’université Lyon 2.
Et on ne peut pas dire que le constat dressé par la journaliste Leïla de Comarmond ait tempéré les propos de ces syndicalistes. Partant de l’état de la syndicalisation des salariés, notre consœur du quotidien Les Echos a souligné l’échec persistant des grandes mobilisations sociales, mais aussi insisté sur le fait que « les syndicats ne font plus envie à des travailleurs-euses » de plus en plus employés hors du cadre légal et conventionnel qui prévalait jusqu’alors.
Stéphane Sirot a émis une approche très voisine. Pour cet historien des mouvements sociaux, professeur à l’université de Cergy-Pontoise, il est évident les contestations sociales ne sont pas mortes. mais c’est la forme de leur expression qui se modifie. Aussi, faut-il prendre en compte les mouvement très pluriels comme ceux des Gilets jaunes et sur l’avenir de la planète.
Après avoir été secrétaire général de la confédération CGT jusqu’en 2013, Bernard Thibault représente les salariés français depuis cinq ans au Bureau international du travail (OIT). Pour l’ex-cheminot, cette responsabilité est un excellent poste d’observation de la situation sociale des différents pays du monde.
S’il partage le constat de la désaffection des salariés vis à vis des syndicats dans l’hexagone et en Outre-mer, et si les entorses patronales au droit du travail se multiplient, il estime que la li et les conventions collectives sont encore un filet de sécurité pour nombre de salarié.e.s.
De nouveaux champs de luttes sociales
Depuis bientôt un an, l’émergence du mouvement des Gilets jaunes a mis en lumière que des personnes qui ne s’étaient jamais mobilisées étaient en capacité de se faire entendre.
Loin des images essentiellement parisiennes de casse et de dégradations, sur le terrain des régions, cette dynamique s’est installée sous des formes innovantes qui va du retour sur les ronds-points et les manifs de rue, aux assemblées hebdomadaires sur le mode de l’éducation populaire ou pour la préparation de programmes pour les prochaines élections municipales.
Joël Decaillon, est un ancien responsable confédéral CGT dans le cadre des relations internationales, notamment au sein de la Confédération européenne des syndicats (CES). Il préside le Forum syndical européen et il a apporté la touche finale à cet après-midi.
Pour lui, le monde numérique et les réseaux sociaux qui en sont l’illustration, et les défis climatiques sont les principaux axes de mobilisation où les syndicats doivent se mobiliser. Ce qui suppose par exemple, un lien étroit entre les salariés-producteurs de biens et services et les salariés qui sont aussi des consommateurs.
Cet après-midi a été ouverte par le film Louis Viannet, le syndicaliste qui rassemble. Un documentaire produit par le Forum syndical européen et réalisé par Moderniser sans exclure-Rhône Alpes. Cette association réalisera aussi un petit film qui retracera cette journée et qui devrait être disponible bientôt en accès libre sur Internet. Document audiovisuel préparé par Adèle Soubranne.
Christian Bourgouin travaille au sein de de ce collectif dont l’objectif premier est de favoriser la prise de parole et le dialogue pour celles et ceux que l’on n’entend pas en général. Il présente Moderniser sans exclure-Rhône Alpes.
(à suivre)
Prochain article :
Avenir du syndicalisme (2) : des raisons d’espérer