Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Le 11e festival Lumière ouvre ses portes samedi 12 octobre en après-midi dans la Halle Tony Garnier. Depuis trente ans, avec la complicité bienveillante de Bernard Chardère, puis du cinéaste Bertrand Tavernier, Thierry Frémaux déploie une activité inlassable au sein de l’Institut Lumière. Une action qui l’a conduit à lancer il y dix ans le Festival Lumière. Avec plus de 180 000 spectateurs, ce rendez-vous du 7e art, qui siège au bord du Rhône, est le premier du continent européen. Présentation.
Plus de 400 séances, 850 personnes bénévoles et une centaine de salariés, un budget de 4 millions d’euros, des grands noms du cinéma tels Francis Ford Coppola, Donald Sutherland, Boog Joon Hoo, Marco Bellochio… telles sont les grandes caractéristiques de ce festival 2019 qui se veut populaire.
Un festival différent et populaire…
Car, en effet, le Festival Lumière affirme sa différence avec ceux de Cannes, Venise, Berlin, Toronto ou Locarno par la population à laquelle il s’adresse. Bien sûr, les cinéphiles seront là pour voir des œuvres rares comme les films Pré-code (Forbidden Hollywood) de la Warner, une rétrospective André Cayatte ou des « pépites » venues d’Iran, de Slovaquie ou de Russie. Mais, c’est surtout le grand public qui est visé par neuf journées exceptionnelles de cinéma. Les films seront projetés dans près de cinquante salles, dont bon nombre situées en banlieue, mais aussi dans les écoles et l’université, à l’hôpital (services pour enfants par exemple) et en prison.
Le Festival Lumière est l’autre face de Thierry Frémaux. Par ailleurs délégué du festival de Cannes depuis une décennie, il n’a rien oublié de ses origines, Ni de son enfance et adolescence passées à la Zup des Minguettes à Vénissieux avec ses parents Victor et Geneviève, ni du bain familial forgé au syndicalisme (CFDT) et au militantisme politique (le PSU autogestionnaire) avec radio libre à la clé, ni de son mémoire de faculté consacré à l’histoire sociale du cinéma. Les choix de programmation de son équipe n’y sont pas étrangers, pas plus que la volonté de transmettre qui l’anime.
Une volonté que le festival concrétise par ses débats multiples, ses rencontres décentralisées, tout comme les master-class quotidiennes au cinéma Odéon et au Théâtre des Célestins avec des ténors comme Daniel Auteuil, Ken Loach, Frances McDormand, Gael García Bernal, Marina Vlady…
…Victime de son succès
La primeur reviendra cette année à Francis Ford Coppola qui recevra le prix Lumière pour l’ensemble de son œuvre. S’il y a dix ans, Thierry Frémaux a dû user de beaucoup de persuasion pour faire venir Clint Eastwood au bord du Rhône, depuis, Milos Forman Gérard Depardieu, Pedro Almodovar, Martin Scorsese, Catherine Deneuve et Jane Fonda n’ont pas rechigné pour rencontrer les spectateurs.
Coppola sera là du début à la fin du festival, sur les écrans d’abord, puis physiquement, pour clôturer cette rencontre cinématographique d’exception. A noter que son fils Roman viendra aussi avec son CQ, sorti en 2001. « véritable déclaration d’amour au cinéma, et, d’une certaine manière, à son film père ». Deux moments exceptionnels boucleront ce 11e festival avec une Nuit du cinéma qui parcourra la trilogie du Parrain samedi 19 octobre et l’après-midi de clôture dimanche 20 autour d’une nouvelle version d’Apocalyse now. Quatre projections constitueront cette apothéose dans l’ancienne salle des battoirs Tony Garnier, réhabilitée au bord du fleuve Rhône.
Un seul regret peut-être : le succès de ce rendez-vous et l’ouverture précoce à la vente laisse à cette heure peu de places accessibles aux grands événements. Mais la qualité d’une programmation offerte dans une cinquantaine de lieux très éloignés du centre-ville devrait satisfaire toutes les demandes. « Rien ne vaut un concert, un match, une projection de film vécus ensemble. La télévision, c’est bien, mais une salle de cinéma crée une sensation, un partage physique et émotionnel incomparables », conclut le gardien de l’institut Lumière, château-temple du cinéma. Ce dixième anniversaire aura donc de quoi attirer les Helvètes amoureux du 7e art. La Capitale des Gaules n’est qu’à heure trente de Genève.
(à suivre)
Festival Lumière à Lyon (2) : C’est parti pour neuf jours !