Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
L’assemblée du désert avait lieu dimanche 1er septembre à Mialet dans le Gard. Au cœur des Cévennes protestante, et à l’occasion du 500e anniversaire de sa naissance, il était naturel de revenir sur la personnalité de Théodore de Bèze. Tout à la fois pasteur, successeur de Calvin, professeur de droit, théologien et homme politique, ce Français réfugié à Genève fut aussi un poète et écrivain. Après le culte dominical, deux universitaires, Olivier Milliet et Pierre-Olivier Léchot sont revenus sur la vie et l’œuvre de ce réformateur. Échos de ces conférences et mot de conclusion d’Emmanuelle Seyboldt, présidente de l’Eglise protestante unie de France.
Dans la foulée de Martin Luther et de Jean Calvin, Théodore de Bèze a joué un rôle important pour la diffusion de la foi réformée. A la suite du poète Clément Marot qui a mis en paroles françaises cinquante des psaumes de David, le théologien, homme politique et recteur de l’Université de Genève a accompli une œuvre immense. Avec des compositions musicales, ce travail littéraire a forgé le Psautier genevois, encore pleinement d’actualité.
C’est le cas du Psaume 68 « Que Dieu se montre seulement » qui a préludé les deux conférences sur la personne et l’œuvre de Théodore de Bèze. Cet hymne, appelé aussi Psaume des batailles, chant par excellence des Huguenots et des Camisards, a été repris de plein cœur.
Après le temps de prière indispensable pour ouvrier cet après-midi, ont suivi deux allocutions.
Professeur de littérature à l‘université de Paris-Sorbonne, Olivier Milliet a tracé un portrait détaillé de Théodore de Bèze en sa dimension d’écrivain et de poète. Entre 1548 et 1605, ce réformateur a déployé une production immense, inscrivant ses écrits religieux dans le cadre du renouveau apporté par la Renaissance. Il fut apprécié de ses contemporains : Du Bellay, Ronsard et des membres de La Pléiade.
Débatteur apprécié du colloque de Poissy de 1568, qui réunit catholiques et protestants sous la houlette de la reine-mère Catherine de Médicis, il fut aussi un poète prolifique jusqu’à son dernier souffle, auteur, par exemple, d’une tragédie biblique Abraham sacrifiant, la première en langue française.
C’est sur le versant pasteur-poète et théologien qu’a insisté Pierre-Olivier Léchot, professeur d’histoire moderne à l’Institut protestant de théologie de Paris; pour qui Théodore de Bèze n’est pas l’homme austère que l’on a parfois décrit et que pourrait laisser imaginer au vu de sa stature hiératique sur le mur du Parc des Bastions au bord du lac Léman.
Cet universitaire suisse, qui a fait ses classes à la faculté de théologie protestante de l’Université de Genève, porte Bèze et Calvin en son cœur. Aussi, son exposé court et bien ciselé, a analysé le contenu des textes du réformateur et leur rapport avec le péché et la repentance.
Théodore de Bèze, brillant intellectuel, était aussi un redoutable rhéteur, tout à fait à la hauteur de son voisin François de Sales, l’ex-évêque de Genève, replié à Annecy, après la prise de la ville par les Réformés.
Il revenait à la présidente de l’Église protestante unie de France de clôturer cette journée de rentrée des protestants français.
Pour Emmanuelle Seyboldt, qui entendait « lier la gerbe » de tous les temps de prière et d’échanges de la journée, la foi en Jésus-Christ, doit bénéficier de la spiritualité des premiers Réformateurs, comme Théodore de Bèze, et s’inscrire résolument dans la vie, en prenant toute sa place dans la préservation de la planète et de l’humanité, en ces temps où le réchauffement climatique et ses catastrophiques conséquences, ne devraient plus susciter de scepticisme.
On peut retrouver cette célébration en l’écoutant sur France Culture qui l’a enregistrée en live : https://www.franceculture.fr/emissions/emissions-speciales/lassemblee-du-desert-en-direct-de-mialet-du-dimanche-01-septembre-2019.
L’émission Présence protestante sur France 2 donnera aussi écho à l’édition 2019 de l’As
semblée du désert.