Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Jeudi 16 mai 2019, dans les locaux d’Audiens, mutuelle de la presse et de la culture installée à Vanves (Hauts-de-Seine) a été officiellement lancé le Conseil de presse en France. Une soixantaine de personnes y représentaient des organisations de journalistes, syndicats, associations, sociétés de rédacteurs… et des fédérations d’employeurs de presse. Ils partagent le même point de vue sur la nécessité d’une déontologie de l’information. Explications et entretiens entre monde salarial et patronal.
Le SNJ (Syndicat national des journalistes) est l’organisation la plus représentative de la profession lors des élections à la Commission de la carte d’identité professionnelle. Il est aussi l’initiateur de la plus ancienne charte d’éthique, élaborée dès sa fondation en 1918 révisée en 1938 et 2011.
Syndicats et associations de journalistes
Le SNJ participe aussi depuis plusieurs années aux travaux de l’Observatoire de la déontologie de l’information. Aussi, est-il intéressant d’écouter les propos de sa secrétaire générale, Dominique Pradalié, ex-rédactrice en chef à France 2 et directrice titulaire de la Commission supérieure de la carte de presse
CFDT-Journalistes est l’un des trois syndicats les plus représentatifs des journalistes. Héritier du Syndicat des journalistes français créé en 1886 (Corporation des publicistes chrétiens).
Au fil de son appartenance à la CFTC (1919), puis de la CFDT (1964), cette organisation a constamment mis en avant la question des pratiques professionnelles. Partie prenante dès le début de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), CFDT-Journalistes a proposé en 1997 la mise en place d’un tel organisme.
Bernard Maillard, ex-journaliste du Républicain Lorrain, membre de l’ODI, souligne les liens qui unissent conditions de travail des journalistes et déontologie.
Aux côtés des syndicats de journalistes, d’autres structures portent aussi la voix de celles et ceux qui profession de journalisme, qu’elles et ils soient ou non détenteurs de la carte de presse.
Pigiste, une profession ?
Dans cet ensemble, les journalistes dit « pigistes » représentent près d’un quart de la profession, dont le nombre de professionnels « encartés » , diminue, se montant à près de 35 000 personnes.
La rémunération à la pige est très souvent mise en cause par les employeurs, au profit de diverses situations illégales pour ce type d’emploi (auto-entrepreneurs, professions libérales, auteurs…). Il en va de même des conditions d’exercice du métier où la soit-disante indépendance se paie cher, et génère souvent des atteintes à la déontologie personnelle des pigistes.
L’association Profession pigiste a été créée pour dénoncer ces situations et pratiques. Bénédicte Weiss, vice-présidente de cette association; explique en quoi et comment les pigistes seront concernés par un Conseil de presse, au même titre que leurs consœurs et confrères rémunérés mensuellement.
Du côté des patrons de presse
Même si l’approche est loin d’être unanime, les employeurs de journalistes ne sont pas indifférents aux questions dé déontologie de l’information. D’ailleurs, en presse écrite, par exemple, la rubrique Courrier des lecteurs témoigne des réactions des usagers de la presse.
La diffusion de l’info en continu est souvent allée de pair avec un manque de recul, portant d’un certain nombre d’approximations, voire même de fausses informations. La récente affaire de l’intrusion de manifestants dans l’hôpital parisien La Salpêtrière, illustre les dérives possibles de la part de médias reconnus, relayant les propos d’un ministre. Propos non vérifiés et recoupés, démentis quelques plus heures plus trad au fil d’une investigation journalistique approfondie.
Dans le monde patronal des médias, trois organisations tiennent le flambeau de la déontologie : la Fédération française des agences de presse (FFAP), la Fédération nationale de la presse spécialisée, et le Spiil (Syndicat de la Presse Indépendante d’Information), qui réunit les éditeurs de médias en ligne. La FFAP regroupe une centaine d’agence de presse, de l’AFP, la plus importante aux sociétés qui ne compte que quelques salariés.
Kathleen Grosset préside aux destinées de la FFAP. Membre du collège des directeurs de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, elle milite aussi au sein de l’Observatoire de la déontologie de l’information. Elle explique la problématique des employeurs de presse en regard de la déontotogie.
Jeudi 15 mai 2019, le coup d’envoi du processus de la mise en place du Conseil de presse a été donné. Une installation pourrait être effective en 2020.
La prochaine rencontre de préparation aura lieu le 17 juin au siège de la CFDT. D’ici là, il reste à affiner l’objet de cette instance, sa forme juridique, son financement, ses relations avec le ministère de la Culture.
Ce laps de temps sera aussi mis à profit pour convaincre les organisations syndicales et patronales pour l’heure réticentes.
(à suivre)
Notre prochain article : Conseil de presse en France (3) : du côté de la société civile