Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève).
InterRhône, l’interprofession de Côtes du Rhône tenait à Ampuis (Rhône) la dernière journée de son rendez-vous biannuel intitulé Découvertes en vallée du Rhône qui s’étalait du 10 au 13 avril 2017. Avec deux belles et bonnes récoltes en 2015 et 2016, les 28 appellations rhodaniennes se portent bien, comme en témoignent Michel Chapoutier, négociant et président de l’Inter Rhône, et son délégué général Eric Rosaz, ainsi que Stéphane Bernard vigneron sur la commune de Tupin-et-Semons, une des plus septentrionales des vins de la vallée du Rhône. Rencontres en terre de côte rôtie.
Le second vignoble français en appellation d’origine contrôlée (AOC) s’étend sur plus de 70 000 hectares qui produisent plus de 3 millions d’hectolitres sur 5 300 exploitations. Ce vignoble génère 50 000 emplois, dont 19 000 directement et 31 000 induits, produits sur sept départements français. Du Nord au Sud, la viticulture, implantée ici il y a plus de deux millénaires par le colonisateur romain, se répartit sur cinq pôles : Rhône-Loire-Isère, Ardèche, Drôme, Gard et Vaucluse. C’est dans cette partie la plus méridionale de la vallée que provient près de la moitié des vins avec 1,5 million d’hectolitres.
Viticulteurs, vignerons et négociants
Les appellations qui bénéficient toutes d’une forte notoriété se sont enrichies d’une 28e AOC autour du terroir de la commune de Cairanne. Avec le cépage syrah dominant dans ce couloir, d’autres s’inscrivent au répertoire avec le viognier, le grenache, et autre bourboulenc et clairette..
Michel Chapoutier, président de l’interprofession Inter Rhône est aussi le PDG d’une des grandes maisons de négoce de la vallée. Dans sa responsabilité interprofessionnelle, il défend les intérêts des vignerons-exploitants comme des négociants réunis au sein de l’Union des maisons de vins du Rhône.
Après la syrah et le vin rouge, la montée des vins blancs
Eric Rosaz est le délégué général d’Inter Rhône, l’interprofession des vins des côtes du Rhône, depuis novembre 2016. Pour cet ancien responsable de l’Institut national de l’origine et de la qualité, les vins des côtes du Rhône sont d’abord des vins gourmands qui savent tenir leur rang, tant sur le plan hexagonal que sur les marchés internationaux.
Un terroir qui voit monter les exploitations en viticulture biologique, qui, pour l’heure ne représente que 8 % des vignerons et des surfaces cultivées avec 600 hectares qui poursuivent 255 000 hectolitres.
Des exploitations qui éliminent tous produits toxiques aussi bien pour la population que pour les vignerons. Une question difficile à aborder sur le plan sanitaire avec les responsables d’Inter Rhône qui se réfugient derrière les règles européennes qui ont éliminé beaucoup de produits phytosanitaires nocifs.
Aux Etats-Unis et dans les pays asiatiques, des exportations qui grimpent
Les vins de la vallée du Rhône sont exportés pour un tiers de la récolte. En Europe, le Royaume uni, la Belgique et l’Allemagne tiennent le haut de l’affiche, mais dans le reste de la planète, il faut compter avec les Etats-Unis, la Canada et les pays asiatiques dont la Chine, Taiwan, Singapour, la Corée du Sud et Honk Kong.
Dans un certain nombre de ces pays comme l’Australie et la Californie, les ventes sont dopées par la culture sur place de cépages issus de la vallée du Rhône, la syrah notamment.
Il reste que deux-tiers de la production rhodanienne est encore écoulée en France, même si au fil des ans, la consommation est en baisse. Si l’essentiel est vendu de dans les commerces et la restauration, les ventes en caves particulières reste encore efficace.
Avec son frère Frédéric, Stéphane Bernard entretient une propriété familiale viticole de 6 hectares qui produit notamment du vin en appellation condrieu et côte rôtie sur la commune de Tupin-et-Semons.
Cette superficie fait vivre trois personnes qui cultivent principalement le cépage syrah, mais aussi le viognier, cépage emblématique du cru condrieu. Stéphane Bernard est un vigneron heureux qui embouteille à la cave 60 000 cols et livre aussi une partie de sa vendange à un négociant.
Cette bonne santé de la viticulture rhodanienne qui se retrouve dans la situation économique des maisons de négoce et dans les exploitations viticoles a-t-elle des répercussions positives sur les rémunérations des salariés agricoles et employés de caves et de chais. Rien ne le dit, car comme pour les répercussions sur la santé des méthodes d’exploitation, c’est un prudent silence qui est observé apr les responsables de la profession. Deux dossiers à suivre…