Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Vendredi 17 juin 2022 vers 13 heures, le 50e congrès confédéral de la CFDT s’est terminé dans le cadre de l’amphithéâtre de la Cité internationale de Lyon (Rhône). Un rassemblement de 2 000 personnes, adhérent.e.s et invité.e.s qui ouvre des perspectives pour les quatre années à venir. Face aux bouleversements environnementaux, économiques, sociétaux et géopolitiques, la résolution générale adoptée à 90 %, sera mise en musique dans les entreprises et administrations, et sur les territoires par les 600 000 adhérents qui lors d’une enquête interne ont souhaité une organisation plus combattive.
Les dates du 50e congrès confédéral CFDT ont été décidées bien avant que le calendrier des élections législatives ne soit connu. Et finalement que le rendez-vous primordial de la première organisation syndicale française se soit conclut deux jours avant le second tour de scrutin tombe bien.
Une aspiration à la combattivité pour 30 % des adhérents sondés
D’abord, parce que la ligne de conduite cédétiste ne manquera pas d’impacter l’action présidentielle et gouvernementale, notamment par la position adoptée sur la réforme des retraites et aussi sur le financement de la prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées.
Et puis, en interne, le 50e congrès a témoigné de l’attente d’une partie des adhérents de la CFDT, qui souhaitent plus de combattivité de la part de la première confédération syndicale française.
C’est un des constats relevé par l’enquête Parlons engagement, développée par la CFDT, Upian et Yami 2, et coordonnée par la sociologue Cécile Guillaume, maîtresse de conférence à l’Université de Surrey (Grande-Bretagne).
Un sentiment à recevoir avec d’autant plus d’acuité que, dans le même temps, les 30 000 adhérents qui ont participé à cette enquête sociologique estiment que le syndicalisme peut mourir s’il n’évolue pas.
Eux-mêmes ajoutent que dans ce cadre, elles et ils pourraient quitter leur organisation.
Ceci étant, les adhérent.e.s consulté.e.s ne sont pas prêt.e.s de baisser les bras. L’enquête sur les formes d’action en atteste, et Sabrina Bailleul, une auxiliaire de vie, déléguée au congrès, le confirme : la manifestation et la grève ne sont pas à exclure.
Cette approche s’est incarnée par le vote d’amendements pour une position CFDT plus forte face au projet de réforme des retraites porté par le président de la République, et pour une réforme profonde de la fiscalité.
Des lignes de force détaillées par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.
Le bureau national de la CFDT renouvelé jeudi 15 juin 2022 a entériné ces choix plus radicaux et c’est avec plus de 90 % des votes que la résolution générale, véritable ligne de conduite de la centrale cédétiste a été adoptée et largement ovationnée.
Un positionnement plus vigoureux face à Emmanuel Macron a été apprécié par de jeunes militants, mais aussi des vieux routiers du syndicalisme. Rémy Place apportait son concours bénévole à l’organisation du congrès.
Même dans les coulisses, il a apprécié le positionnement de son organisation.
Les décisions du 50e congrès confédéral CFDT ont donné des éléments pour retourner vers les salariés, réfléchir et agir avec eux. Ce sera le cas de Marie-Hélène Collet, une salariée du secteur agroalimentaire venue de Pau (Pyrénées-Atlantiques) qui assure aussi la mission de conseiller du salarié.
Un point de vue que rejoint un ancien permanent régional interprofessionnel auralpin. Jean-Pierre Laurenson anime dans la Loire le Pacte pour le pouvoir de vivre. Pour lui, les orientations définies par le 50e congrès conforte son action avec les associations caritatives, humanitaires et environnementales.
La ligne de conduite de la CFDT et sa pratique syndicale seront aussi une référence dans le monde. Avec un secrétaire général, par ailleurs président de la Confédération européenne des syndicats, la volonté du syndicalisme cédétiste d’agir avec les autres forces vives de la société est une exemple pour d’autres. C’est le cas en Ukraine, à Hong-Kong, en Afghanistan ou au Vénézuela, dont des représentants syndicaux se sont exprimé en début de congrès.
Les syndicats, partie prenante de la vie sociale et politique
Vendredi 16 juin, au terme de ce rassemblement, le syndicaliste Kouglo Lauwson-Body est bien sur cette ligne. Cet universitaire, économiste à Lomé au Togo, représentait la Confédération syndicale internationale-Afrique, dont il est un des secrétaires généraux.
Que le syndicalisme prenne toute sa place dans la vie politique et sociale est pour lui une nécessité sur le continent africain.
C’est après une large ovation à Laurent Berger que s’est conclu le 50e congrès de la CFDT où tous celles et ceux qui ont œuvré à son bon déroulement et à sa réussite furent longuement applaudis.
En ce lundi 20 juin 2022, la CFDT et ses 600 000 adhérent.e.s se retrouvent au pied du mur, dans une situation politique inédite, qui ne manquera sans doute pas de réserver des surprises.
apres 44 ans à droite toute,enfin une légère inflexion à gauche ?