Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Pendant quatre jours et demi, quelque 1 700 militantes et militants CFDT ont partagé la vie de plus de 2 000 syndicats, débattu de l’activité passée, adopté une résolution pour l’avenir, et ses sont aussi interrogées collectivement sur leurs engagements. Un sujet qui a fait l’objet d’une enquête sociologique à laquelle ont participé 30 000 adhérents.
On a beau avoir gagné la première place des organisations syndicales dans le secteur privé comme le secteur public qu’il faut dormir sur ses lauriers.
« Le syndicalisme est mortel »,a dit à plusieurs reprises ces dernières années Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
Et le secrétaire général de la CFDT a martelé avec force cette perspective lors de ce 50e congrès confédéral. Une conviction qu’il exprime avec assurance. En effet, l’enquête Parlons engagement que son équipe a lancée au sein de son organisation, apporte matière à plusieurs questionnements.
Plus de 30 000 adhérents sur 600 000 cotisants ont répondu à un questionnaire sociologique très poussé qui permet désormais de mieux cerner le profit du syndicat et les attentes de celles et ceux qui le composent.
Fier.e.s et engagé.e.s dans la CFDT
Avant d’entrer dans le détail des conclusions de cette enquête inédite, il convient de souligner que les personnes qui y ont répondu ont souligné leur fierté d’appartenir à la CFDT.
Un sentiment que la secrétaire générale adjointe Marylise Léon a repris à son compte en livrant son propre témoignage.
Ex-salariée du secteur chimique, qui connait bien les risques industriels et questions de pollution. Membre de la commission exécutive de la confédération CFDT, Marylise Léon a expliqué aussi sa conception de l’engagement.
Bien dans leurs baskets…
Cette approche personnelle rejoint les sentiments des adhérents qui ont participé à l’enquête Parlons Engagement, coordonnée par la sociologue et universitaire Cécile Guillaume.
A hauteur de 80 %, les adhérents sondés déclarent se sentir à l’aise dans leur organisation, mais n’évacuent pas pour autant les critiques.
… et en attente de marges de progrès
Ce fort sentiment d’appartenance n’occulte pas les progrès qui restent à accomplir.
Plus de 30 % des adhérents sondés affirment en effet avoir été victimes au sein de la CFDT de jeunisme, sexisme, homophobie et même racisme. La CFDT a beau mettre la lutte contre les discriminations au cœur de ses revendications, il y a encore du chemin à faire.
D’ailleurs, Laurent Berger n’a pas manqué de souligner que, par exemple, si les organes dirigeants de la CFDT sont totalement paritaires, l’égalité femmes-hommes doit encore progresser au sein de toutes les structures cédétistes : syndicats et unions interprofessionnelles.
Partir reboosté.e.s
Ces constats et cette volonté d’y apporter des réponses, y compris par des remise en cause internes, a conforté les participants à ce congrès, celles et ceux qui y étaient délégué.e.s, mais aussi aux bénévoles qui ont concouru à sa réussite.
C’est le cas, par exemple de Marie-Hélène Bunoz , une habitante de Villeurbanne (Rhône), adhérente du Syndicat des retraités CFDT du Rhône
Réaction analogue de Frédéric Pelletier, qui était aux premières loges de l’accueil, sur l’esplanade devant les portes de la Cité internationale.
Ce cadre chez Orange, responsable à la fédération CFDT Communication-conseil-culture a beaucoup transpiré sous la chaleur qui inondait Lyon cette semaine. Pour autant, cela ne l’a pas empêché de se tenir informé du déroulement du congrès et la teneur des débats.
Comme la confédération Force Ouvrière il y a quelques jours et la CGT en mars 2023, la CFDT devrait changer de secrétaire général dans un avenir proche.
Laurent Berger a annoncé son départ, mais d’ici là, il entend encore faire évoluer l’organisation syndicale et œuvrer pour que soient mises en application les décisions prises par le 50e congrès, notamment sur les retraites et la taxation des successions pour financer les dépenses liées au grand âge.
Cohésion et cohérence utiles au syndicalisme
Une confédération qui continuera a assumer le triptyque propositions-négociations-action dans la rue si besoin est, s’appuyant sur la vigueur de ses 600 000 adhérents.
Car, Laurent Berger l’a redit avec insistance en conclusion du congrès, tout ne se joue pas à Paris, mais aussi en région, dans les entreprises et administrations et sur les territoires !
Notre prochain article :
50e Congrès de la CFDT (3) : Tourné.e.s vers l’avenir et vers le monde…