Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Les Archives municipales de Lyon, dans le quartier de Perrache, font coup double en proposant deux expositions sur la guerre 14-18. L’une présente les progrès de la science, au travers des rayons X, l’autre feuillette l’agenda de la Première guerre mondiale, grâce aux carnets d’un industriel lyonnais Barthélémy Mermet. Ce conflit, qui a ouvert tragiquement le 20e siècle, fut source de drames immenses et la cause d’une boucherie humaine jusque là inconnue. Elle donna lieu aussi à des avancées scientifiques en matière de santé, par exemple. Ces expositions constituent une halte indispensable à faire avant le 23 décembre 2017.
11 novembre 2017. Au moment où nous écrivons ces lignes, dans toutes les communes de France, en Métropole comme dans les Outremers, on célèbre l’armistice, la fin du premier conflit mondial du 20e siècle. Mais un an plus tôt, la guerre s’était enlisée dans les tranchées et les hommes qui les peuplaient, qu’ils soient Français ou Allemands, étaient les acteurs d’heures effroyables de violence, de sang et de mort.
11 novembre 2017 : journée de commémoration présidée à Paris par le président de la République, avec visite au Musée Georges Clémenceau, remontée des , ranimation de la flamme sous l’Arc de triomphe, et hommage à l’Arc de triomphe
11 novembre 2017. Nous sommes au lendemain de l’inauguration de l’historial franco-allemand du Hartmannswillerkopf par les présidents des républiques française et allemandes, Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier.
Deux moments importants qui ne peuvent qu’inciter comment physiquement loin des champs de bataille, la population lyonnaise a vécu cet affrontement effroyable.
Un labeur quotidien pour rendre compte de l’Histoire en marche
Les carnets de l’observateur lyonnais, que fur Barthélémy Mermet, ouvrent la premier des deux expositions consacrée à la façon dont la ville de Lyon a vécu, à l’arrière, la guerre 1914è18, alors dirigée par le radical-socialiste Edouard Herriot, tout à la fois maire et ministre.
Il n’est pas sans intérêt de débuter par le visionnement du film Les carnets de Barthélémy Mermet, réalisé par la Lyonnaise Véronique Garcia. Ce documentaire parcourt les quatre années de guerre vécues entre Rhône et Saône. Les explications d’historien.ne.s viennent éclairer les photographies de belle qualité prises durant ces quatre années de guerre.
Aux industriels lyonnais, les matériels de guerre…
Durant ces quatre années, entre la déclaration de guerre et l’armistice qu’évoque le film de Véronique Garcia, la population lyonnaise est loin d’être restée étrangère ) la guerre, même si celle-ci se déroulait sur les fronts de l’Est du Nord de la France. La presse, sous le contrôle de ma censure, a produit des centaines d’articles, et photos et de caricatures comme le montrent les documents exposés, tirés des trésors des Archives municipales de Lyon.
L’agglomération fut d’abord pourvoyeuse de matériels pour la guerre, telles les usines Berliet et leur établissement de Monplaisir (chars) et Gillet (gaz moutarde, explosifs, acétate de cellulose) dans son usine de Saint-Fons (Rhône).
… et à leurs épouses, la philanthropie
L’exposition et le film documentaire de Véronique Garcia, montre avec justesse et à propos la place des femmes durant la guerre. rien n’aurait été possible dans les usines, pour le maintien de la cellule familiale et l’accueil des blessés et soldats venus se reposer sans l’implication totale des femmes.
A côté des épouses d’industriels, qui compensaient par leur philanthropie l’engagement militaire de leurs époux, il y eût de très nombreuses femmes des milieux populaires qui firent vivre une solidarité effective, telles les marraines de guerre, à l’instar de Clotilde Bizolon surnommée « la maman des poilus ».
Ravitaillement, santé et progrès scientifiques
Mais cette invitation à la visite ne serait pas complète si on ne parlait pas du rôle d’Edouard Herriot, maire, et ministre durant quelques mois durant cette guerre, avant de revenir au gouvernement un peu plus tard entre les deux guerres. Cet agrégé de lettres, professeur de lycée est le premier magistrat de cette ville et le restera jusqu’en 1957.
Engagé au Parti radical-socialiste, il va marquer la ville de son empreinte sociale. Cela sera visible durant la guerre. La prise en charge du ravitaillement de la population, et l’ouverture des hôpitaux lyonnais aux blessés de guerre va faire de la capitale des Gaules une base-arrière appréciée durant la Grande guerre. Une ville qui maintiendra aussi le rayonnement de l’activité économique française avec la création de la Foire aux échantillons, prémisse de la Foire internationale de Lyon, toujours en vigueur aujourd’hui.
L’exposition des archives municipales de Lyon rappelle aussi le rôle de ce responsable politique, comme elle révèle l’attitude des frères Lumière. Ces chimistes, inventeurs du cinématographe, furent aussi les fabricants de tulle gras, fort utile pour le pansement des blessés et la cicatrisation des plaies.
Ainsi, la Grande guerre, si meurtrière fut aussi le moment de découvertes et progrès scientifiques, comme le montre à l’envie la seconde exposition que proposent les Archives municipales de Lyon consacrée aux rayons X, que nous présenterons prochainement.
Deux expositions, fruit du travail de toute une équipe, sous la houlette du directeur Louis Faivre-d’Arcier et de Mourad Laangry, chargé des expositions aux Archives municipales de Lyon.
A noter : expositions ouvertes jusqu’au 23 décembre 2017, lundi : 11h-18h et mardi – samedi : 13h-18h