Vienne : et maintenant qu’allons-nous faire ensemble

Posté le par dans Coup de coeur

Un reportage de François Dalla-Riva, journaliste

"Je n'ai pas vu cela depuis le 1er mai 2002" remarquaient des élus durant la marche (© Pierre Nouvelle).

« Je n’ai pas vu cela depuis le 1er mai 2002 » remarquaient des élus durant la marche (© Pierre Nouvelle).

Dans la quatrième ville du département de l’Isère, ils étaient entre 8000 et 10 000 à marcher de conserve silencieusement. Un long défilé de plus d’une heure et demi, ponctués par la Marseillaise et des vagues d’applaudissements. Deux jours après cette réaction citoyenne, comment envisager la suite. Voici les témoignages du maire d’une commune, d’un Viennois d’origine turque et d’un collégien né en France.

Vienne. Il est 10 heures en ce dimanche 11 janvier 2015. Le défilé s’enclenche alors que les cloches de la cathédrale sonnent à toute volée. Franc et massif, digne et respectueux tel était le cortège qui a parcouru la ville entre 10 heures et midi. Sereins, graves mais aussi détendus, tels étaient-ils, les milliers de Dauphinois de la vallée du Rhône qui se s’étaient donnés rendez-vous devant la sous-préfecture de l’Isère pour manifester leur opposition au terrorisme et rappeler que liberté, égalité et fraternité constituent le socle de notre vivre-ensemble.

Entre 8 000 et 10 000 personnes : un record absolu depuis treize ans (© Pierre Nouvelle).

Entre 8 000 et 10 000 personnes : un record absolu depuis treize ans (© Pierre Nouvelle).

Les représentants étaient là dans la rue, le sous-préfet ayant délégué force police pour peremttre au défilé de s’écouler harmonieusement. « Nous na’vons jamais été aussi nombreux depuis le 1er mai 2002 », avouait le député socialiste Erwann Binet. Et le maire UMP de Vienne, président de Vienne agglo,Thierry Kovacs d’ajouter que cette réponse de la population aux appels des élus communaux, « faisait chaud au cœur ». Un commerçant du Cours de Verdun soulignait : « Je n’ai jamais vu autant de monde sur mon trottoir ». Stupéfaction, contentement, joie aussi de voir que d’autres avaient réagi simultanément, et que finalement on n’était pas seul à rejeter le terrorisme et tout ce qui exclut. Autant dire que la Marseillaise entonnée face au monument aux morts puis à l’arrivée à la sous-préfecture, le fut à plein poumons. L’ambiance était d’autant plus chaleureuse que le crachin qui menaçait au petit matin avait laissé place au soleil et à un ciel bleu.

Tout au long de cette marche silencieuse, les discussions allaient bon train. Y compris entre ceux qui tenaient la banderole, des élus ceints de leur écharpe et un journaliste brandissant son brassard et sa carte de presse. Ses autres collègues, près d’une vingtaine étaient aux abords du cortège, munis de leur stylos, caméras et appareils photos et micros.

Salam, Salem, Paix : de toutes confessions et philosophies, un seul mot d'ordre (© Pierre Nouvelle).

Salam, Salem, Paix : de toutes confessions et philosophies, un seul mot d’ordre (© Pierre Nouvelle).

 

A l’arrivée, les propos devaient se faire plus publics, une interrogation tournant en boucle dans toutes les têtes : « Et demain, qu’allons-nous faire ? ». C’est aussi la question à laquelle a accepté de répondre Frédéric Belmonte, maire de Seyssuel. A 5 kilomètres de Vienne, Seyssuel est une commune de 2000 habitants, qui domine le Rhône. Sur cette terre où les coteaux vineux et le cépage syrah ont de nouveau un bel avenir, il reste peu d’agriculteurs et la population est essentiellement rurbaine. Il n’élude pas les problèmes et dit clairement qu’un examen de conscience collectif, à tous les étages de la nation doit être mené. Des propos recueillis par Jean-François Cullafroz.

La balle est donc dans le camp des élus, mais aussi de chaque citoyen. Mehmet Erdogan est arrivé en France il y a trente-cinq ans. Pour cette personne turque, originaire d’Izmir, père de famille, l’essentiel est de faire face partout aux terroristes. Car il l’assure, s’il vient de frapper en France, il existe aussi dans son pays. Des propos recueillis par Jean-François Cullafroz.

A côte de la banderole de tête et les élus de la ville, du département et de la Nation, Rayane et Shaymaa ont porté courageusement une pancarte assez lourde durant une heure et demie. Forts applaudis, ces enfants de 10 et 12 ans voulaient montrer que les musulmans étaient bien solidaires du mouvement de protestation de la population et que pour eux, les religions doivent être des vecteurs de paix. Rayane est élève du collège de l’Isle. Il a demandé à témoigner devant la caméra de Jean-François Cullafroz.

Aujourd’hui, le peuple debout doit continuer à avancer et à poser au quotidien des gestes concrets de fraternité, dans la foulée des nombreuses marches relatées par nos collègues du Dauphiné Libéré, de France Bleu Isère, de la Tribune de Vienne et d’autres médias locaux.

Comme dans beaucoup de communes du Nord Isère, on a marché dimanche pour se dresser contre l'obscurantisme et faire émerger la lumière pour l'avenir (© Pierre Nouvelle).

Comme dans beaucoup de communes du Nord Isère, on a marché dimanche pour se dresser contre l’obscurantisme et faire émerger la lumière pour l’avenir (© Pierre Nouvelle).

 

Mahomet sous le signe du pardon ! Un bel hommage aux 17 personnes assassinées.Ce mercredi 14 janvier 2015, allez rendre visite à vos marchands de journaux et vos kiosquiers. Il y aura le Charlie des survivants, mais aussi le journal de Siné et bien sûr le Canard enchaîné !

Acheter, s'abonner, diffuser Charlie Hebdo, c'est faire voivre la liberté de la presse et la liberté d'expression ( © Pierre Nouvelle, grâce à Libé).

Acheter, s’abonner, diffuser Charlie Hebdo, c’est faire voivre la liberté de la presse et la liberté d’expression ( © Pierre Nouvelle, grâce à Libé).

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