Protestants : deux Eglises en une

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Par Jean-François Cullafroz, journaliste

Samedi 11 mai, les Eglises luthérienne évangélique et réformée ont uni leur destin à Lyon. Au terme de quatre jours de synode national. le pasteur Laurent Schlumberger, est le premier président de cette communion d’Eglises. Comme en Allemagne et aux Pays-Bas, le protestantisme français affichera un visage plus uni. Un processus dont l’idée a germé il y a plus de cinquante ans et qui est regardé avec attention par des Eglises protestantes de pays voisins comme en Suisse, et par d’autres confessions chrétiennes..

L’Eglise protestante unie de France est née. On avait annoncé la pluie et finalement, il faisait beau entre Rhône et Saône, pour la célébration de cette union des deux Eglises protestantes historiques, toutes deux héritières de la réforme initiée par Luther puis Calvin. Les protestants sont en France métropolitaine et les Dom-Tom, sont un peu plus d’un million de fidèles. A coté des courants évangéliques, membres ou non de la Fédération protestante de France (FPF), luthériens et réformés représentent 400 000 personnes.

Annoncer l’Evangile et témoigner de la foi chrétienne

Dans un monde où le message chrétien a du mal à se faire entendre, les protestants « historiques » ont décidé de faire front ensemble, afin de mieux annoncer l’Evangile et témoigner de leur foi.

« Les protestants doivent évoluer dans leur manière d’être Eglise, et particulièrement les protestants luthériens et réformés qui cultivent volontiers une certaine réserve. Ils le doivent et ils le veulent : c’est pourquoi ils ont réalisé leur union dans l’Eglise protestante unie de France », explique Laurent Schlumberger, le premier président.

Le pasteur Laurent Schlumberger, de l’Eglise réformée à l’Eglise protestante unie de France (© Pierre Nouvelle)

Autant dire que l’événement qui s’est déroulé en cette semaine de l’Ascension n’avait rien d’anodin, et derrière Manuel Valls, ministre de l’intérieur ne s’y est pas trompé qui a fait le voyage de Lyon. Et le ministre a posé pour la photo aux côtés des différentes responsables religieux, dont le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, le métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, du secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises Olaf Fisvke, et de la pasteure Henriette Mabtchou, présidente de l’Union des femmes de l’Eglise évangélique du Cameroun.

Sur le chemin de la Concorde de Leuenberg

La naissance de l’Eglise protestante unie de France, dont l’idée avait été émise dès 1960 par le pasteur Georges Casalis, s’est vraiment mise sur les rails en 2006 avec l’union des Eglises luthérienne et réformée d’Alsace, et s’est poursuivie dès l’année suivante au Synode national de Sochaux et l’an dernier à Belfort. Sur ce chemin de communion, la signature en 1973 de la Concorde de Leuenberg, un texte commun aux Eglises protestantes européennes, a été d’une aide précieuse.

Depuis le synode commun de 2012, les paroisses réformée et luthérienne se sont ouvertes les unes aux autres, et désormais les pasteu-e-s seront mis à leur disposition sans distinction. Bien sûr, des différences subsistent, en matière de liturgie et d’organisation ecclésiale par exemple, mais ces spécificités trouveront leur place au sens « d’un consensus différencié ». Laurent Schlumberger explique les défis de cette démarche unitaire.

En France, ceux qui se revendiquent du protestantisme sont évalués à un million et demi de personnes soit 3 % de la population. Comment cette communion d’Eglises de deux traditions différentes est-elle vécue dans les paroisses ? Exemple pris en Savoie avec Nicole Rouland-Rupp, pasteure à Chambéry, chargée des communautés de la vallée de la Maurienne. Desservant exclusivement des communautés réformées, cette disciple de Luther se trouve très l’aise. Entretien avec Jean-François Cullafroz.

Dès le mois de juin, la nouvelle Eglise protestante unie de France va aller à la rencontre des autres confessions chrétiennes qui ont d’ores et déjà manifesté un vif intérêt à ce processus d’union. Puis du 27 au 29 septembre, les fidèles de l’Eglise protestante unie de France seront pleinement du second rassemblement Protestants en fête organisé au parc de Bercy à Paris.

Une communion d’Eglises pour un œcuménisme renouvelé ?

Enfin, à moyen terme, la célébration du 500e anniversaire du lancement de la Réforme par Luther en 2017, sera un moyen d’approfondir le processus au sein de cette communion d’Eglises. Une occasion pour les héritiers de Luther et Mélanchton, Farel et Calvin de revisiter les fondamentaux de la Réforme. Avec le secret espoir que la démarche plus ouverte du nouveau pape François donnera l’occasion à une approche renouvelée de l’œcuménisme et des relations avec ceux qui sont encore considérés par certains comme des « frères séparés ». A ce titre, le choix de Lyon, patrie de l’œcuménisme avec l’action du Père Couturier, et la vitalité de l’actuel Centre Unité chrétienne peuvent être des éléments prometteurs.

 

 

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