Edito de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Notre confrère Olivier Bertrand de la rédaction du média électronique Les Jours a été libéré hier et est rentré en France ce lundi 14 novembre 2016. La mobilisation de la profession et du gouvernement français n’es pas pour rien dans cette libération. Mais comme le rappelle depuis des mois, et surtout depuis cet été, lés médias turcs et kurdes et toute la société reste sous le coup de mesures répressives qui touchent toutes les couches de la société. Explication.
A Paris, comme à Lyon, où il a été journaliste pendant dix ans pour le compte du quotidien Libération, on respire après le retour sur le sol français d’Olivier Bertrand. Mais on respire pas pour autant. Les propos confiés par Olivier Bertrand sont en effet explicites : « Vous êtes venu semer le trouble en Turquie, m’ont dit les autorités turques. De fait, la police cherchait à connaître mes contacts sur place », expliquait-il ce lundi soir au journal de 18 heures de France Culture.
Des démocrates arrêtés par centaines
« En effet, ce que j’ai subi en Turquie n’a rien à voir avec ce que vivent des milliers de Turcs qui sont arrêtés », a poursuivi notre collègue. Par centaine, des journalistes sont emprisonnés ou licenciés. Le gouvernement veut faire taire toute voix qui pose une question qui dérange », a-t-il détaillé sur la chaine culturelle du service public.
Cette situation explique la réaction des organisations journalistiques françaises (CFDT-Journalistes, SNJ-CGT et SNJ, Reporters sans frontières, Reporters solidaires…) et des ONG Amnesty International, Ligue des droits de l’homme… Depuis des mois, toutes réclament le retour à la démocratie en Turquie, pays où après les décisions autoritaires prises depuis juillet, l’ait est de plus en plus irrespirable.
« Samedi 12 novembre, au lendemain de son interpellation, le responsable du quotidien d’opposition turc Cumhuriyet a été placé en détention préventive par un tribunal d’Istanbul », a rapporté l’agence de presse pro-gouvernementale Anadolu, citée par le quotidien Le Monde.
170 médias suspendus, plus de 100 journalistes en prison
Akin Atalay, président du directoire de Cumhuriyet, rejoint en prison neuf de ses collaborateurs, dont le rédacteur en chef Murat Sabuncu, qui ont été écroués la semaine dernière. La mesure a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits de l’homme et des critiques internationales. Pour sa part, le rédacteur en chef de Cumhuriyet, Can Dündar, vit depuis plusieurs mois en Allemagne, après avoir révélé, vidéo à l’appui, que les services secrets turcs avaient fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie.
« Le dirigeant et les journalistes de Cumhuriyet, quotidien fondé en 1924, sont accusés d’activités « terroristes » en lien avec la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et avec le prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme l’instigateur du putsch manqué du 15 juillet, a précisé Anadolu », écrivait le site Internet du quotidien français du soir.
« Vendredi, Akin Atalay, le directeur du quotidien Cumhuriyet avait été arrêté après que neuf journalistes de ce média d’opposition au président Recep Tayyip Erdogan aient déjà été placés en détention préventive », souligne la Fédération européenne des journalistes.
Une nécessaire solidarité avec la société turque mise en cage
L’association des journalistes turcs (TGC), a rappelé que 170 organes de presse ont été fermés, 105 journalistes placés en détention, et que 777 cartes de presse annulées depuis le coup de force de juillet dernier. Pour leur part, avec la Fédération européenne des journalistes, CFDT-Journalistes, le SNJ-CGT et le SNJ poursuivent leur mobilisation pour venir en aide aux journalistes et à la presse turcs.
Dans un communiqué publié dimanche 12 novembre, les organisations syndicales déclarent notamment : « Les syndicats français de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes, membres de la Fédération internationale des journalistes (FEJ), s’associent à la rédaction du site d’information Les Jours pour réclamer sa libération immédiate. Ils exigent du gouvernement français qu’il fasse le nécessaire auprès des autorités turques, dans ce contexte de violation quotidienne de la liberté de la presse par le régime de l’AKP en Turquie.
Et la Fédération européenne des journalistes d’insister en rappelant quev » plus d’une centaine de confrères se trouvent actuellement derrière les barreaux en Turquie, devenue la plus grande prison pour journalistes du monde »