Médiapart-Radio France : « Il y a une volonté de museler la presse »

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Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel, carte de presse 49272

La preofession a été unanime pour condamner la tentaive de perquisition chez Médiaprt suite aux nouvelles révélations concernant M. Benalla (© Pierre Nouvelle).

La profession a été unanime pour condamner la tentative de perquisition chez Médiapart suite aux nouvelles révélations concernant M. Benalla (© Pierre Nouvelle).

La tentative de perquisition au sige de Médiapart, et la tenue du procès intenté par denis baupin à l’encontre de Radio France et de Médiapart, ramène sur le devant de la scène la question de la liberté de presse et du libre exercice du métier de journaliste. Cette semaine, la CFDT-Journalistes et trente-cinq sociétés de rédacteurs se sont élevées contre les menaces à l’encontre des médias. Des atteintes récurrentes constatées lors des manifestations récentes, tant de la part des forces de police que de certains Gilets jaunes, ou d’autres personnes comme celles qui ont incendié la station de France Bleu Isère. Retour sur ces événements.

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Reprise de l’article publiée par Sud Radio sur son site Internet

Jean-François Cullafroz, s’exprimant au nom de la CFDT journalistes, était « L’invité de l’actu » dans la matinale de Sud Radio du 5 février 2019, animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger. Il revient sur la polémique après la tentative de perquisition au siège de Mediapart.

Pour quels motifs le parquet de Paris cherche-t-il à mettre la main sur les enregistrements de Mediapart ? D’après Jean-François Cullafroz, responsable à la CFDT journalistes, « il y a au départ une plainte de Monsieur Benalla. Mais il est évident que derrière, pour l’ensemble des syndicats de journalistes, il y a une volonté de museler la presse. C’est un signal qui est donné aux autres confrères par rapport aux enquêtes menées par nos collègues de Mediapart. Nous saluons le travail qui a été fait, dans un contexte aujourd’hui assez difficile pour la presse et le travail des journalistes : nous avons 34 plaintes qui vont être instruites pour agressions sur des journalistes ou sur du matériel lors des différentes manifestations, des jugements qui ont eu lieu pour des atteintes sur des reporters photos et des reporters au Républicain Lorrain, un incendie, il y a quelques jours, de la station France Bleu Isère ».

Emmanuel Macron a dit, il y a quelques jours, en recevant à l’Élysée quelques journalistes triés sur le volet, qu’il songeait à mettre en place des structures en lien avec l’État pour vérifier la « fabrication » de l’information. « L’attitude du président de la République depuis son élection est assez ambiguë, ça s’est traduit au sein même de l’Élysée par la fermeture du bureau de presse. Ce que demande le président Macron, on n’en connaît pas le contour. Nous avons dialogué avec Emmanuel Hoog, l’ancien PDG de l’AFP, qui a été missionné par le ministère de la Culture sur la mise en place d’un observatoire de l’Information.

Nous ne voulons pas un « ordre des journalistes », nous avons une Commission de la carte qui délivre une carte de presse sur des critères sociaux. Nous voulons pouvoir observer les dérives qu’il peut y avoir dans la presse, que nous dénonçons et qui sont souvent pour la recherche d’audience, mais il ne faut pas pour autant jeter toute la presse aux orties. » 

la presse a joué un rôle non négligeable dans des dossiers récents comme lors du procès de Mgr Barbarin (© Pierre Nouvelle).

la presse a joué un rôle non négligeable dans des dossiers récents pour contribuer à faire éclater la vérité (© Pierre Nouvelle).

 

« Quand il y a des choses qui sortent, c’est que derrière, il y a une réalité« 

Difficile de juger la presse, qui peut parfois sortir des informations pas totalement vérifiées, mais c’est aussi ce qui fait évoluer et vivre le débat dans une démocratie. « Il faut différencier les réseaux sociaux où il peut y avoir des fake news, du travail de la presse. Même s’il y a une dégradation continue de la confiance vis-à-vis des journalistes, aujourd’hui, les 36.000 journalistes en France, dans les rédactions, font très correctement leur travail. Quand il y a des choses qui sortent, c’est que derrière, il y a une réalité.

Le travail d’Edwy Plenel a permis de faire sortir un certain nombre d’affaires qui touchent de très près le pouvoir de l’État. Et c’est sans doute ce qui fait que tout chef État, qu’il soit Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, François Hollande et même François Mitterrand, est toujours très inquiet quand on sort des affaires touchant au secret d’État. » L’affaire Cahuzac en était une illustration.

Cliquez ici pour écouter « L’invité de l’actu » avec Cécile de Ménibus et Patrick Roger en podcast.

La profession unanime dans la protestation

La presse, suvent bouc-émissaire quand elle touche aux affaires des pouvoirs (© Pierre Nouvelle).

La presse est souvent bouc-émissaire quand elle touche aux affaires des pouvoirs (© Pierre Nouvelle).

Pour leur part, trente-sept sociétés de rédacteurs ont réagi pour soutenir leurs collègues de Médiapart. Voici leur communiqué.

 » Nous, sociétés de journalistes et sociétés de rédacteurs, exprimons notre solidarité avec nos confrères de Mediapart, et notre plus vive préoccupation après la tentative de perquisition dont ils ont fait l’objet lundi, diligentée par le parquet de Paris dans le cadre de l’affaire Benalla.

Cette procédure — à laquelle nos confrères ont légalement pu s’opposer, mais qui pourrait devenir obligatoire et coercitive avec l’aval d’un juge des libertés et de la détention — constitue une tentative particulièrement inquiétante d’attenter au secret de leurs sources. La Cour européenne des droits de l’homme a pourtant, depuis 1996, fait de la protection des sources journalistiques «l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse».

Ce qui s’est produit ce lundi à Mediapart rappelle à quel point il est urgent et nécessaire de renforcer cette protection en France, tant le secret des sources est indispensable à l’exercice du journalisme, à l’existence d’une presse indépendante et au droit à l’information des citoyens.  »

Signataires :

Les sociétés des journalistes, sociétés des rédacteurs et du personnel de :
l’AFP, BFMTV, Challenges, Courrier international, Les Echos, Europe 1, L’Express, Le Figaro, France 2, France 3 National, Franceinfo.fr, France Info TV, France Inter, l’Humanité, LCP, Libération, M6, Le Monde, L’Obs, Le Parisien-Aujourd’hui en France, Le Point, Premières Lignes, Radio France, RFI, RMC, RTL, Sud-Ouest, Télérama, TF1, La Tribune, TV5Monde, 20Minutes et la rédaction des Jours.

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Le Fabrique médiatique sur France Culture

Chaque samedi matin, dans le cadre de la Matinale de France culture, Caroline Broué anime la séquence La fabrique médiatique. Ce samedi 9 février 2019, cette émission est revenue sur la tentative de perquisition au siège de la rédaction de Médiapart.

Étaient invités Sylvain Tronchet, journaliste de la Cellule investigation de Radio France et l’ex-juge Georges Fenech. Tous deux ont protesté contre cette action du nouveau procureur de Paris. tous deux ont aussi rappelé que la liberté de la presse était un des éléments constitutifs de la démocratie. L’ancien magistrat a aussi plaidé pour que le secret des sources qui est inaliénable devienne un secret professionnel comme cela se passe en Suède.

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Émission à écouter via le lien https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-mediatique/apres-la-perquisition-a-mediapart-y-a-t-il-danger-pour-la-liberte-dinformer

 

 

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