Liberté d’informer : triste exemple vécu à Bayonne

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Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien de Genève)

Comme il l’explique ci-dessous, Guillaume Fauveau, journaliste, reporteur-photographe de Mediabask, a déposé une main courante contre la police, suite à une altercation violente à Bayonne mardi 17 novembre 2020 (© Amaiur COSCARAT).

Avec le soutien de la rédaction de Mediabask, l’un de ses photographes, Guillaume Fauveau, a décidé de déposer une main courante contre des agents de police. Récit publié sur le site Internet de ce média sur ce qui s’est passé le 17 novembre en début d’après-midi.

« Je pense qu’ils ont essayé de m’intimider, de me faire peur. Ils ont voulu m’empêcher de faire mon travail. Moi je suis resté très poli et calme. J’ai fait mon maximum pour rester correct. Je veux aller au commissariat et je veux déposer une plainte. On ne va pas les laisser faire ! » résume Guillaume.

Mardi 17 novembre à 15 heures, le photographe est en reportage dans le quartier Saint-Esprit, à Bayonne. Il est chargé de rendre compte en images des contrôles policiers des attestations de déplacement. « Deux agents m’ont demandé ma carte de presse, je l’ai montrée. J’ai pu faire des photos ».

Comme à Paris avec l’avocat de la Ligue des droits de l’homme contrôlé par la gendarmerie, à Bayonne, notre confrère Guillaume Fauveau a été malmené par la police (© Pierre Nouvelle ).

Puis, il suit les policiers afin de les prendre en photo de dos, marchant le long du boulevard Alsace-Lorraine. « Peu après ça, il y en a deux qui étaient habillés en blanc, qui sont devenus hyper agressifs. Ils m’ont demandé de partir, d’arrêter de photographier. Ils me disaient que je n’avais pas le droit et qu’ils ne voulaient pas être sur les photos » relate le photographe, qui leur rappelle tranquillement que comme tout journaliste et tout citoyen, il est dans son droit.

« Là, un mec m’a menacé. Il m’a dit ‘Vous n’avez pas intérêt à publier ces photos’. J’ai dit ‘Monsieur, c’est des menaces. Ce n’est pas bon. Mon travail, c’est justement d’envoyer les photos aux journaux et de les publier, de montrer ce qu’il se passe' ». Les agents de police se saisissent de la carte de presse du journaliste et la prennent en photo. « [L’agent] m’a répété que je n’avais pas intérêt à faire ça, que je n’avais pas le droit, que c’était interdit et qu’il y avait une loi qui était passée » poursuit notre collègue. « Je lui ai dit que non, justement, elle n’est pas passée. Elle est en train d’être examinée au Sénat. Donc il ment, c’est faux. J’ai encore le droit de faire ça ».

Sur ce, une autre policière lance au photographe que « c’est à cause de gens comme [lui], qui [font] des photos de policiers, que les policiers meurent après ». Guillaume Fauveau raconte : « Elle a dit qu’elle allait porter plainte contre moi. Je lui ai dit ‘Madame, vous ne pouvez pas porter plainte contre un journaliste qui fait simplement son travail ».

Craignant d’être embarqué, Guillaume essaye de mettre un terme à la conversation qui tourne en rond. « J’ai dit ‘On arrête de parler. Maintenant aski, stop’. Et là, [la policière] m’a dit : ‘Qu’est-ce que vous avez dit ?’ Je lui ai répondu qu »aski’, en euskara, ça veut dire ‘ça suffit’. Alors elle m’a dit ‘Monsieur je vous signale qu’on est en France ici' ». L’échange entre les agents et le photographe s’achève sur cette phrase. Ce dernier n’a pas voulu en rester là et a décidé, ce mercredi après-midi, de déposer plainte.

Après Bayonne mardi 17 novembre 2020 où la police a voulu museler notre confrère Guillaume Fauveau, à Paris,le Parvis des droits de l’homme a été condamné pour les manifestants pour la liberté d’informer (© Pierre Nouvelle ).

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