Laurent Berger : rupture ou continuité pour la CFDT ?

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Laurent Berger, entouré d’Elisabeth Le Gac et Jean-Pierre Laurenson, responsables CFDT rhonalpins, lors de l’Université d’été 2010 en Savoie (Pierre Nouvelle)

A 44 ans, Laurent Berger est le nouveau secrétaire général de la CFDT. Qu’est ce qu’un jeune à la tête de la première organisation syndicale de France peut lui apporter ? Entre soutien au mariage de personnes de même sexe et au plan d’Arcelor-Mittal signé par le gouvernement, où va la CFDT ? Voici quelques éléments de lecture suivi de l’entretien que nous a accordé Pierrick Aillard, le numéro  de la CFDT dans le Rhône.

Si le syndicalisme en général attire moins les jeunes salariés, ce n’est pas pour autant que les centrales syndicales françaises ne se préoccupent pas d’eux. Exemple avec la CFDT qui vient d’élire à sa tête, Laurent Berger à l’occasion d’une assemblée générale de ses militants, qui a innové en son sein. Ce jeune nantais a 44 ans, et s’est engagé il y a un bon quart de siècle. Comme d’autres qui l’ont précédé, il est passé parla Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc) dont il a été le secrétaire général de 1992 à 1994, puis a fait ses premières armes dans l’action à la base dans la région de St Nazaire, passant même par une période de chômage. Puis alors qu’il était responsable régional CFDT des Pays de Loire, il a été remarqué par François Chérèque à qui il vient de succéder.

Un profil très CFDT

Il faut dire que son profil correspond bien à ce que veut être la CFDT : une organisation au franc parler qui met l’humain au cœur de ses valeurs, de ses préoccupations et de ses façons de faire. Le changement de logo de la CFDT illustre cette dynamique. Plus rond que le précédent, ce logo s’appuie sur le slogan « S’engager pour chacun, agir pour tous », qui souhaite lier la démarche personnelle à l’action collective.

Laurent Berger, féru d’histoire comme son épouse, elle-même ancienne jociste originaire de la région lyonnaise, veut être proche des jeunes et des personnes qui vivent la précarité, dont nombre de femmes. Tout comme François Chérèque nourri au lait militant de son père Jacques, laurent berger vient du vivier d’une union locale . réunissant toutes les professions, où sonpère a été acteur. Il souhaite donc que la CFDT s’appuie tout autant sur les structures professionnelles que sur ses relais interprofessionnels. Ceci correspond bien aux choix faits récemment par la CFDT, qui s’est engagée aux côtés des partisans du projet de mariage pour les personnes de même sexe (elle a même été le seul syndicat a se prononcer pour au sein du Haut conseil de la famille et a appelé à manifester le 16 décembre), et qui souhaite en même temps voir aboutir le plan pour Arcelor-Mittal signé entre le gouvernement et la direction du groupe sidérurgiste.

Laurent Berger, entouré de jacques Chérèque et de son épouse et de leur fils François, lors du congrès CFDT de tours en 2010. (Pierre Nouvelle)

 

Précarité, pauvreté et jeunesse au cœur des priorités

La jeunesse du nouveau numéro 1 de la CFDT ne déroge pas à la tradition, puisque ses prédécesseurs avaient respectivement 46 ans pour François Chérèque, 45 ans pour Nicole Notat, 47 ans pour Jean Kaspar, 40 ans pour Edmond Maire et même 39 ans pour Eugène Descamps, lui aussi un ancien de la Joc, qui fit évoluer son syndicat chrétien CFTC à une organisation adepte du socialisme et de l’autogestion. Quant aux valeurs qui le portent, elles correspondent aussi à l’image et à la pratique que veut incarner la CFDT face à des responsables patronaux peu enclins au dialogue et aux concessions.

La tâche de Laurent Berger et des équipes qui l’entourent ne sera pas facile. Pourtant adoubé par François Chérèque, il devra faire face à la crise économique et le lot croissant de précarité et de pauvreté qui l’accompagne d’un côté, et de l’autre avec l’arrivée en retraite de salariés d’une partie importante de ses militants issus de la génération du baby-boom. Comme il l’a dit dans la presse écrite, et notamment à nos collègues de Libération (29 novembre)  et d’Aujourd’hui-Le Parisien (11 décembre),  llà de nouvelles couches de salariés sans perdre pour autant ceux qui arriveront à 60 ans, c’est bien le défi qui attend le nouveau chef de file dela CFDT. Un challenge que les adhérents et la population française mesureront déjà à l’occasion du prochain congrès confédéral de la CFDT en 2014. Une volonté qui rencontrera aussi celle de ses homologues, dont la CGT, avec qui elle entretient un long compagnonnage, à la fois respectueux et déterminé. Une CGT, moins unifiée en interne que la CFDT, plus forte en audience qu’en nombre d’adhérents, et qui devrait élire à son congrès de mars 2013 Thierry Lepaon à la responsabilité actuelle de Bernard Thibault. C’est non seulement à leur potentiel d’adhésion (la CFDT comptabilisait plus de 860 000 adhérents en 2011 et la CGT 650 000), mais aussi à leur représentativité qu’elles se mesureront. A ce titre, les élections dans les très petites entreprises seront un indicateur.

Jean-François Cullafroz-Dalla Riva

 

Un commentaire

  1. Fourgeaud 14 décembre 2012 à 23 h 19 min

    Laurent Berger était un illustre inconnu. Grâce à vous, je connais un peu mieux son CV.
    Merci.

    Par contre, à la CFDT, nous ne sommes pas la 1ère organisation syndicale. Mais la 2ème. C’est quand même le résultat des élections professionnelles qui compte et mesure l’influence. Pour faire mieux, et un jour passer devant la CGT, il faudrait nous déconfessionnaliser, une seconde fois. Aujourd’hui, c’est avec le pouvoir en place qu’il faut rompre. Abandonner les croyance politique.

    La politique c’est le pouvoir. Le syndicalisme, le contre-pouvoir. C’est l’alchimie entre les deux qui donne son équilibre à la société. Et forcément quand on a des responsabilités dans les deux, il y peut y avoir conflit d’intérêt moral. Tel est mon point de vue.

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