Une semaine ubuesque, c’est ainsi que l’on peut qualifier les journées qui se sont succédées depuis le scrutin du 18 novembre qui avait pour objet d’élire le président de l’UMP. Mais la question est plus large que la bataille des chefs, car il y a eu dans le même temps, les propos contradictoires du chef de l’Etat, la longue audition de l’ancien président de la République par un juge bordelais, et ce vendredi encore les positions opposées de deux ministres du même gouvernement à propos d’Arcelor-Mittal.
Encore plus que d’habitude, l’actualité politique a fait le bonheur des médias et le délice des chroniqueurs. Les éditos le disputent aux magazines télévisés, les mêmes étoiles brillant la matin sur une chaîne de télé privée, en journée dans leur magazine hebdo, et en fin d’après midi retournant pontifier sur une chaîne de télé publique.
On disait jadis qu’il ne fallait pas « désespérer Billancourt » car quand Renault toussait, c’est toutela France qui prenant le rhume. Les ténors de la politique nationale auront l’occasion de s’en rendre compte en retournant cette fin de semaine dans leur circonscription. Entre une inauguration et un loto, le bon peuple leur dira ce que nous confiait pas plus tard que ce jeudi des personnes âgées croisées lors d’un tournoi de cartes dans un club bourguignon. « Sont-ils devenus à Paris pour ne pas se rendre compte de notre situation personnelle et de celle du pays ? », me déclaraient de concert une ancienne institutrice, une agricultrice et une commerçante.
Effectivement, pris par l’intensité de l’action politique, nos édiles se rendent-ils compte que derrière ces pantalonnades se joue l’avenir de la démocratie ? Bien au-delà des affrontements d’ego Car le peuple y reste attaché. Plus de trois quarts des adhérents de l’UMP ont voté dimanche passé, et en retour, ils ont eu droit à fraudes, erreurs et oublis de trois circonscriptions d’au-delà des mers ! Que peut penser de tout cela une population désabusée ? Comment l’inciter à poursuivre un geste citoyen en 2014, 2015… quand les élus qui les appellent au vote ne sont pas capables d’organiser un scrutin. Comment croire en des programmes quand ceux là même qui ont fait des propositions n’hésitent pas à dire tout et son contraire en regard des engagements pris. A ce titre, la rubrique de l’excellent François Morel sur France Inter ce vendredi mérite d’être méditée, et l’éditorial de Daniel Navrot dans la lettre hebdomadaire Propective Rhône-Alpes Méditerranée (i.r.e.s@wanadoo.fr) devrait susciter une vague d’abonnements.
Une Tribune pour un débat populaire
Les médias sont souvent vilipendés et les journalistes aussi dans la foulée. Avouons le, ce propos n’est d’ailleurs pas avare de ressentiment à cet égard. Alors, il faut saluer l’initiative prise par l’hebdomadaire lyonnais Tribune de Lyon qui lance une consultation sur le droit pour les citoyens d’interpeller les élus et responsables politiques. On lira à propos le point de vue de Philippe Genin et l’invitation à participer au débat que lance notre confrère Tribune de Lyon.
Ils sont effectivement fous ces Gaulois, mais, en réponse Depardieu, reprenant Goscinny et Uderzo, ajouterait : « ils sont fous ces Romains ». Car si étudiants et syndicalistes manifestaient ce mercredi dans les grandes villes italiennes contre l’austérité qui mine le pays, ils vilipendaient aussi la corruption qui gangrène le corps politique, dans ce pays où Mario Monti peine à rétablir les équilibres économiques et à restaurer la morale civique au premier de ceux qui devraient montrer l’exemple.
Là aussi, la folie a gagné provisoirement !
Jean-François Cullafroz-Dalla Riva
« Ils sont fous ces romains ». Le propre d’un chef est de donner sa vision du monde, d’ouvrir les voies pour y accéder, y créer les conditions d’entrainement, et de mobiliser ses troupes sur cet horizon. Notre « cher et vieux pays » cher au grand Charles, semble se trouver en fait au creux d’une sacrée tourmente : perte des valeurs repères, absence d’idéal, en recherche sur lui même, le tout mêlé à des renoncements et des reculs… Au doute vient s’ajouter la perte d’espoir. Alors qu’il titube, flanche ou tangue, il est temps de relever la tête et de réapprendre à marcher pas à pas.