CFDT : journalistes molestés et journalistes contestataires

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Point de vue de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272

Décidément, la presse est bien bousculé par la loi El Khomri.  Jeudi 26 mai, le syndicat du livre CGT interdisait aux quotidiens nationaux de paraître à l’exception de l’Humanité. Une semaine plus tard, jeudi 2 juin, ce sont des policiers qui malmènent des journalistes, à l’instar de ce qui ‘est passé à Rennes avec des collègues d’Ouest-France et de France 3. Toujours au sujet de la loi Travail, les journalistes CFDT du quotidien Le Monde sont entrés dans la fronde vendredi 6 juin. Les faits et commentaires.

Comme à Lyon le 28 avril, es provocations se sont poursuivies partout en France en marge des manifestations provoquant des réactions policières sans doute disproportionnées. Des journalistes en ont fait les frais (© Pierre Nouvelle).

Comme à Lyon le 28 avril, les provocations se sont poursuivies partout en France en marge des manifestations provoquant des réactions policières sans doute disproportionnées. Des journalistes en ont fait les frais (© Pierre Nouvelle).

« Depuis plusieurs semaines, la couverture des manifestations contre la loi Travail met les journalistes d’Ouest-France à rude épreuve, particulièrement à Nantes et Rennes. Insultes, menaces et agressions dans les cortèges et sur les réseaux sociaux, dégradations et tags menaçants sur les vitrines des rédactions », commente le section CFDT du quotidien Ouest-France.…

Jeudi 2 juin : matraquages en série ?

La CFDT du premier quotidien régional français souligne qu’elle fait évidemment la part des choses entre un mouvement social  légitime et les dérapages inadmissibles qui ont été constatés. « La liberté de la presse, et la possibilité pour les journalistes d’exercer leur métier, sur tous les terrains, est la meilleure façon de donner la parole à chacun et de garantir le pluralisme des opinions », expliquent les journalistes CFDT.

Jeudi 2 juin, la gravité de la situation est montée d’un cran à Rennes, « avec l’agression de plusieurs journalistes par les forces de police », déclare la CFDT. Une consœur d’Ouest-France a reçu un coup de matraque, tout comme un journaliste reporteur-d’images de France 3 et deux photographes. D’autres ont été bousculés. Du matériel professionnel a été dégradé.

La CFDT dit comprendre « la pression qui pèse sur les forces de l’ordre en période d’état d’urgence », mais souligne que cela « n’exonère pas leur hiérarchie de la responsabilité qui lui incombe de protéger les professionnels de l’information, acteurs de la démocratie ».

Dans un communique publié vendredi 3 juin, la section CFDT d’Ouest-France a redit son soutien aux journalistes qui continuent à exercer leur métier, malgré tout.

Du côté des journalistes CFDT du Monde

« La loi El Khomri n’est pas satisfaisante ! », dit en substance la section CFDT du quotidien Le Monde  « Vous êtes un certain nombre à vous interroger sur la position défendue par Laurent Berger à propos de la loi travail. Nous, militants et élus de la CFDT du Monde partageons vos inquiétudes. Tel qu’il est proposé, ce texte ne nous convient pas », explique le communiqué de la CFDT du Monde.

Manifestement, les propos tenus sur RTL par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger,face à son contradicteur de la CGT, Philippe Martinez, n’ont pas convaincu les salariés du quotidien parisien.

« Si certains articles vont dans le sens souhaité par la CFDT, notamment la création du CPA (compte personnel d’activité), l’ensemble de la loi contient trop de mesures défavorables pour les salariés. En réécrivant le code du travail, elle ne peut qu’affaiblir nos droits », explique la section CFDT du Monde.

Et les syndicalistes du quotidien parisien du soir de détailler leurs désaccords. L’article 2 qui inverse la hiérarchie des normes – l’accord d’entreprise primera désormais sur l’accord de branche – affaiblit nos garanties en terme de temps de travail, repos et congés. De plus, pour la CFDT du Monde, les licenciements sont facilités en cas de difficultés économiques de l’entreprise (baisse du chiffre d’affaires ou des commandes, pertes d’exploitation). Enfin, la majoration de la rémunération des heures supplémentaires pourra être limitée à 10%. L’employeur pourra arguer de la nécessité de conquête de nouveaux marchés pour imposer aux salariés d’être moins payés ou travailler davantage. En cas de refus, ils feront l’objet d’un licenciement individuel pour motif économique.

En désaccord avec leur secrétaire général

Réformer sans brusquer les militants CFDT n'est pas une affaire simple (© Pierre Nouvelle).

Réformer la société sans brusquer les militants CFDT n’est pas une affaire simple (© DR CFDT).

« C’est donc peu dire que nous ne nous reconnaissons absolument pas dans les déclarations du secrétaire national qui défend l’équilibre du projet du gouvernement », estime la CFDT du Monde. « Les instances dirigeantes de la CFDT montrent ici leur éloignement du terrain et de la réalité des rapports de force dans les entreprises. Au Monde, nous nous battons quotidiennement pour l’amélioration des conditions de travail pour tous les salariés. Cette loi affaiblirait notre capacité à négocier et à obtenir de nouveaux droits sociaux », poursuit-elle.

La CFDT du Monde a appelé les salariés du journal à soutenir le mouvement social contre cette loi et à participer aux prochaines mobilisations. Des propos qui illustrent parmi d’autres le malaise ressenti par certains adhérents CFDT, tels qu’ils se sont exprimés lors de la matinale de France Inter ce jeudi 2 juin.

Affaire à suivre !

 

 

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