CFDT en Rhône-Alpes : dans la foulée de mai-juin 68

Posté le par dans Coup de coeur

Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste honoraire, carte de presse 49272

Depuis 2013, à Lyon et en Rhône-Alpes, un groupe de militants et d’universitaires se penchent sur l’histoire de la CFDT en mai 68 et dans les années qui suivirent. Illustrant une démarche de collecte mémorielle, une 4e Journée d’études-séminaire aura lieu le 25 novembre 2016 aux Archives départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon. Au cœur des échanges de cette journée ouverte au grand public, se situeront les luttes des années 1970. Rencontre avec des universitaires qui ont travaillé sur cette période de l’histoire sociale récente.

Entre 1972 et 1973, les grèves furent nombreuses et logues aux Hospices civilsde Lyon. Les jeunes militant-e-s, notamment adhérents CFDT, y prirent une part importante (© Marie-Blandine Bérerd-Vingert)

Entre 1972 et 1973, les grèves furent nombreuses et logues aux Hospices civilsde Lyon. Les jeunes militant-e-s, notamment adhérents CFDT, y prirent une part importante (© Marie-Blandine Bérerd-Vingert)

Après « La situation en 1967 », un an avant les évènements de mai-juin 68 (2013 à l’Institut d’études politiques de Lyon), après « La place des femmes et les revendications » (Ecole normale supérieure-Lettres en 2014) mené avec le laboratoire Triangle, et l’an passé « Revendications et méthodes d’action » au Centre Max Weber (Université Lyon 2), c’est aux Archives départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon que se déroulera la 4e Journée d’études-séminaire organisée par la CFDT du Rhône (Union départementale interprofessionnelle et Union territoriale des retraités. Elle aura pour thème « Dans la foulée de mai-juin 68, les luttes des années 70 ».

Comme lors des trois précédentes éditions, cette initiative largement ouverte au public fera se confronter des témoignages d’acteurs, militants et militantes syndicaux, politiques et associatifs, et des universitaires qui ont développer des recherche sur ces questions. ce sera le cas de Pierre Rosanvallon, de Claude Roccati et de Renaud Bécot dont l’intervention filmée sera diffusée au cours de la journée.

De HEC à Cousseau, usine de bonneterie de Cerisay

Etudiant à HEC (Hautes études commerciales), Pierre Rosanvallon prend contact en 1968 avec le monde syndical par le biais de la confédération CGT et de son responsable économique André Barjonet. En fait, c’est avec la CFDT qu’il entame son parcours. Il est alors missionné pour mener des études économiques que lui confie René Bonety, membre de la commission économique de la centrale dont le secrétaire général est alors Eugène Descamps.

Il sera permanent de la CFDT, secrétaire confédéral de 1969 à 1977, assumant tout à la fois le rôle de conseiller économique puis politique d’Edmond Maire, et rédacteur en chef de CFDT Aujourd’hui, la revue de réflexion de la CFDT. Dans ce cadre, il a visité nombre d’entreprises pour analyser la situation des salariés et l’évolution du monde du travail.

Aujourd’hui, professeur au Collège de France, Pierre Rosanvallon suit toujours de près l’actualité sociale et sociétale. Son regard acéré et son expérience du monde syndical lui permet de porter un jugement sur la suite de mai 68, et les luttes qui ont marqué les années 70.

Claude Roccati  : une politique internationale qui suscitera le « recentrage » de la CFDT

Claude Roccati, docteur en histoire enseigne depuis la rentrée universitaire 2016-2017 à l’université de Limoges. Sa thèse de doctorat portait sur la politique internationale de la CFDT.

Aussi, s’exprime-t-elle volontiers sur les lignes forces de cette politique cédétiste au fil des années 70. L’action internationale de la CFDT, par exemple ses relations avec les syndicats des pays nordiques et de l’Allemagne, a eu des conséquences pour les orientations nationales de la centrale telle la mise en œuvre de son recentrage. Claude Roccati détaille sa réflexion.

Renaud Bécot : la CFDT et l’invention des actions environnementales

Renaud Bécot est un jeune chercheur qui a soutenu sa thèse de doctorat en novembre 2015 sur le thème « Syndicalisme et environnement en France de 1944 aux années quatre-vingts ».

Dans ce cadre, il a exploré l’action développé par les syndicalistes CFDT dans le Rhône et notamment la vallée de la chimie, entre les usines de Pierre-Bénite, Saint-Fons et la raffinerie de Feyzin.

Actuellement, il est post-doctorant au Centre d’histoire de Sciences Po – Paris, et depuis la rentrée universitaire 2016, il est chargé d’enseignement à Sciences Po Rennes.

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Renaud Bécot montre comment ces luttes des années 70 étaient prémonitoires par rapport à la façon dont se pose au 21e siècle les questions de l’environnement. De plus, il met en lumière les méthodes d’action précurseures de la part des syndicalistes CFDT liant la situation des salariés dans les entreprises, notamment au contact de produits toxiques, et sur les territoires où les populations subissaient les conséquences des productions des usines chimiques et pétrolières.

Durant les années 70, de nouvelles couches de salariés : femmes, jeunes et travailleurs immigrés se sont syndiquées, et ont mis en avant des revendications pour plus avoir mais surtout mieux-être en terme de conditions de travail, santé, logement, environnement… La conduite des actions où les comités de grèves prirent une part importante allait de pair avec la popularisation interprofessionnelle par le biais des Unions interprofessionnelles de base (unions locales) et des comités de soutiens auxquels le milieu agricole (Paysans-Travailleurs) et des organisations politiques telle le PSU prêtèrent leurs concours.

4e journée d’études-séminaire CFDT à Lyon : universitaires et acteurs dialogueront

Des responsables syndicaux de la métallurgie, des PTT, du milieu hospitalier, des commerces et service, du bâtiment, de la chimie ou du textile feront alterner leurs souvenirs avec ceux des territoires, unions locales ou unions interprofessionnelles de base d’Oullins, Péage de Roussillon, Saint-Fons, Vénissieux… et de l’union départementale rhodanienne.

L’émergence sur la scène sociale en région des travailleurs immigrés, des jeunes et des femmes sera mise en valeur. De même que la nouveauté de luttes sociétales, sur les thèmes de la santé, de la contraception, du logement…

En regard, d’autres universitaires, tel Christian Thuderoz (Centre Max Weber) feront partager les fruits de leurs travaux.

Pennaroya, Ciapem-Brandt, Maillard et Duclos, Cofradel furent des luttes où les travailleurs immigrés prirent la conduite de leurs actions (© DR)

Pennaroya, Ciapem-Brandt, Maillard et Duclos, Cofradel furent des luttes où les travailleurs immigrés prirent en main la conduite de leurs actions (© DR)

Pour en savoir plus sur le 4e journée d’études CFDT : « Les luttes des années 70 » du 25 novembre 2016 aux Archives départementales du Rhône et de la Métropole : joindre le 06 07 94 76 65.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *