Par Jean-François Cullafroz
Quand l’harmonica réjouit le cœur, fait chanter les foules et revisite tous les registres de musique, on découvre ou redécouvre les qualités de cet instrument populaire, et pourtant moins pratiqué que l’accordéon. Exemple à Condrieu, dans une petite commune du sud du département du Rhône. Durant trois jours, un ensemble de six harmonicistes, le Quintet Harmonic a su trouver son public en faisant salle comble dans l’ancienne chapelle des Visitandines. Reportage.
L’harmonica est un instrument peu répandu en concert. Certes, Albert Raisner, dans les années 1960-70, fondateur du Club de l’harmonica a été pionnier dans le registre swing-variétés. Animateur de télévision (« Age tendre et tête de bois »), il a beaucoup fait pour sa popularisation et a redonné des lettres de noblesse pour cet instrument, longtemps voué au jeu enfantin. Alain Delhotal et Jean-Jacques Milteau, (qui l’a réintroduit dans le monde du jazz, du blues et de la soul), ont poursuivi sur cette lancée.
Jazz, blues, soul et funk
Au niveau international, Stevie Wonder a contribué à relier harmonica et rythmes funk, de la même façon que nombre de musiciens américains du Nord faisaient consoner les musiques noires du Sud et folklore des pionniers de l’Ouest avec cet instrument. Qu’on se souvienne du film Il était une fois dans l’Ouest et de musique d’Ennio Morricone.
Il reste que l’on ne se presse pas autour de cet objet chromatique qui nécessité un art consommé du travail des lèvres et du souffle, au rythme de l’expir-inspir. Peu de conservatoire de musique, quel qu’en soit le niveau, offre la possibilité d’apprendre à jouer de cet instrument, alors même que les mélodies et les registres les plus divers peuvent être abordés grâce à lui.
Dans le département du Rhône
A Condrieu (Rhône), à 30 kilomètres au Sud de Lyon, un quintet de six instrumentistes s’est constitué il y a deux ans, sur la base de choristes du groupe Nouvelles légendes implanté à St Clair-du-Rhône (Isère). Cet ensemble d’harmonicas était en concert les 19, 20 et 22 juin dans la chapelle de la Visitation à Condrieu. Ecoutez plutôt !
On débute donc avec Marc-Antoine Charpentier, un morceau de Te Deum, « eurovisionnaire », avant de parcourir en sept tableaux un répertoire des plus divers. Le registre classique avec Verdi, Mozart, Dvorak, les vieilles danses de la tradition rurale française où l’accordéon diatonique cède la place à son petit frère chromatique, les danses de guinguettes et de la Libération de 1944. Sans oublier une note engagée sur fond d’hommage au poète chilien Pablo Neruda, aux combattants indépendantistes de l’Irlande du Nord et aux troupes des armées alliées débarquées en 1944. Place aux musiques country chères aux cow-boys avec Jean-Claude.
Des musiciens solidaires
Maurice et Germaine furent les premiers maillons de ce groupe qui s’est ensuite enrichi avec deux Jacques, un Jean-Claude et Jean-Michel, qui jongle entre guitare et harmonixa. Faire plaisir en revisitant des morceaux célèbres, que le public reprend spontanément, tel est bel et bien le but de ce quintet d’amateurs qui n’hésite pas à mettre en œuvre concrètement la solidarité. Cette année, le produit de leur concert était intégralement reversé à l’association Docteur Clown, qui permet à des enfants hospitalisés de bénéficier des talents de clowns, musiciens, comédiens… alors qu’ils vivent des moments difficiles.
Maurice Couillandeau détaille au micro de François Dalla-Riva les ressorts du Quintet Harmonic, dont le parcours est déjà ample depuis deux ans.
Renseignements sur le Quintet Harmonic : Maurice Couillandeau
(tel. 04 74 59 56 03).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Il_était_une_fois_dans_l’Ouest
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