1968 à Lyon (11) : Chrétiens et Eglises en phase avec le mouvement étudiant et social

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Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)

Avant d'êre contestées dans les années qui ont suivi l'année 1968, les Eglises catholque et protestante ont d'abord été en empathie avec le mouvement de mai-juin. C'est le contexte religieux de l'époque en France et à lyon, puis les conséquences pour les institutions religieuses qui seront examinés le 18 mai 2018 (© Pierre Nouvelle).

Avant d’être contestées dans les années qui ont suivi l’année 1968, les Eglises catholique et protestante ont d’abord été en empathie avec le mouvement de mai-juin. C’est le contexte religieux de l’époque en France et à Lyon, puis les conséquences pour les institutions religieuses qui seront examinés le 18 mai 2018 (© Pierre Nouvelle).

Vendredi 18 mai 2018; l’amphi Leclair de Sciences Po Lyon accueillera un colloque sur l’attitude des chrétiens et des Eglises en 1968 à Lyon. Initié par le laboratoire historique Rhône-Alpes (Larhra), cette rencontre verra se confronter interventions universitaires et témoignages d’acteurs de ce mouvement social et étudiant qui s’étendit du printemps à l’automne, et eût des répercussions dans le demi-siècle qui a suivi. Avant la tenue de ce colloque, rencontre avec deux laïcs et un prêtre, témoins et acteurs du mouvement étudiant, des luttes sociales et de la contestation au sein des Eglises.

En mai-juin 1968, Etienne Fouilloux enseignait l'histore à paris, tan,dis que Jean-François Cullafroz terminait ses études à l'Ecole normale d'instituteurs de Lyon. Au micro de RCF Auvergne-Rhône-Alpes, ile 14 mai 2018, ils ont livré leurs souvenirs (© Pierre Nouvelle).

En mai-juin 1968, Etienne Fouilloux enseignait l’histoire à Paris, tan,dis que Jean-François Cullafroz terminait ses études à l’Ecole normale d’instituteurs de Lyon. Au micro de RCF Auvergne-Rhône-Alpes, le 14 mai 2018, ils ont livré leurs souvenirs et analyses (© Jean-Baptiste Cocagne).

Lundi 14 mai, RCF recevait deux témoins du mouvement étudiant et social, tous deux enseignants, l’un (Etienne Fouilloux) était déjà en fonction à Paris, l’autre (Jean-François Cullafroz), arrivait en fin de formation à l’Ecole normale d’instituteurs de Lyon, sur le plateau de la Croix-Rousse.

Etienne Fouilloux a beaucoup écrit sur les chrétiens au 20e siècle. Cet ex-professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lumière Lyon 2 leur a consacré plus d’une dizaine d’ouvrages. Aussi, dans le cadre d’une matinée présidée par Bruno Dumons, directeur de recherches, membre du Larhra (CNRS), Etienne Fouilloux sera le premier intervenant du colloque Chrétiens à Lyon en mai 68, après l’ouverture par le professeur Bernard Hours, directeur du laboratoire Rhône-Alpes d’histoire (Larhra). Il interviendra sur les chrétiens français dans les mouvements du printemps 68

Il rappelle comment se situait l’Eglise catholique en France à la veille de 1968.

Dans le colloque Chrétiens à Lyon en mai 68, les interventions d’universitaires et de chercheurs se confronteront avec les souvenirs et témoignages d’acteurs du mouvement social de 1968. Ainsi, après le panorama d’Olivier Chatelan, maitre de conférences à l’Université Lyon 3 et membre du Larha, sur l’Eglise caholique à Lyon avant 1968, et la contribution de Jean-François Cullafroz sur les chrétiens lyonnais et rhodaniens durant le mouvement social et étudiant, une table-ronde animée par Claude Prudhomme donnera la parole aux témoins et acteurs.

En paroisse et au travail

Au cours de cet échange, laïcs, prêtres, pasteurs, religieuses feront partager leur vécu de cette période et aussi l’analyse qu’ils et elles en tirent un demi-siècle plus tard. Gérard Danière était séminariste en 1968. Au cours de sa formation de prêtre, il avait travaillé en usine à l’occasion d’un stage. Depuis trois ans, le grand séminaire St Irénée de Lyon vivait en co-gestion, suite à des Etats généraux qui s’étaient tenus dans la foulée du concile Vatican II. A côté de la théologie et de la philosophie, il y a avait aussi des cours de sciences politiques, et durant les mois de mai et juin 68, des séminaristes dont allés à des manifestations et des syndicalistes sont venus au séminaire.

A la différence d’un grand nombre de ses collègues, Gérard Danière est resté prêtre, en conciliant son ministère dans la paroisse de Bron-Parilly puis d’aumônier d’hôpital avec un travail à mi-temps de moniteur d’auto(école puis d’éducateur auprès de jeunes sortants de prison. Il témoigne.

Etudiant-ingénieur, militant Unef et protestant

Le mouvement étudiant de mai-juin 68 a débuté sur le campus de la Doua, et notamment autour des élèves-ingénieurs de l’Insa. Déjà mobilisés à l’automne 1967, puis en janvier-février 1968, sur le thème de la mixité des résidences universitaires, il était naturel que la première manifestation parte de Villeurbanne pour se rendre à la faculté de lettres sur les quais du Rhône.

Parmi les militants de l’Association générale des étudiants de Lyon (Agel-Unef) animée alors par les ESU, étudiants du PSU (Etudiants socialistes unifiés), il y avait des jeunes protestant.e.s membres de la FFACE (Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants). Si depuis 1962, la FFACE, appelée plus communément la « Fédé » avait pris du champ vis à vis des institutions protestantes (Fédération protestante de France, Eglise réformée de France) et restera ainsi jusqu’aux années 80, ses membres vivaient bien de l’éthique protestante, constituée de rigueur et d’engagement.

Francis Pithon dit Valdo, qui était proche de jeunes étudiants protestants membres du Mouvement du 22 mars, explique son engagement et les raisons qui l’ont inspiré.

Jésuites et dominicains impactés par le mouvement social et étudiant

Dans l’après-midi, se succéderont Daniel Moulinet, professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’Université catholique de Lyon et membre du Larhra sur Mai 68 et les répercussions à la Catho de Lyon, Jean-François Zorn qui évoquera Mai 68 et l’Ecole préparatoire de théologie protestante de St-Cyr-au-Mont-d’or, Mathilde Dubesset, maîtresse de conférences émérite d’histoire contemporaine à l’IEP de Grenoble, membre du Larhra, sur les Catholiques et protestantes en mai 68 et au-début des années 70.

Les répercussions des événements de Mai-juin 68 sur les congrégations religieuses seront aussi détaillées par le biais des dominicains et des jésuites. Tangi Cavalin, agrégé d’histoire, chercheur associé au CNRS, reviendra sur Le couvent dominicain de la Tourette en mai 68, et Valérie Aubourg, enseignante-chercheure en anthropologie-ethnologie à l’Université catholique et membre du GSRL parlera de Mai 68 et ses effets chez les étudiants jésuites.

Jean-Dominique Durand, professeur émérite d’histoire contemporaine attaché à l’Université Jean Moulin Lyon 3, par ailleurs adjoint au maire de Lyon, chargé du patrimoine, tirera les conclusions de cette journée..

Le colloque Mai 68, les chrétiens à Lyon aura lieu vendredi 18 mai 2018 de 9 heures à 17 heures dans l’amphi Leclair de Sciences Po Lyon, 17 avenue Berthelot – Lyon 7e. L’entrée est libre.

Le programme est disponible sur le site Internet du Larhra : http://larhra.ish-lyon.cnrs.fr/membre/121

Lundi 14 mai 2018, Jean-Baptiste Cocagne, rédacteur en chef de RCF Lyon consacrait le magazine régional hebdomadaire à Mai 68 et à la place que chrétiens et eglises ont pris pendant ce mouvement étudiant et social (© Pierre Nouvelle).

Lundi 14 mai 2018, Jean-Baptiste Cocagne, rédacteur en chef de RCF Lyon consacrait le magazine régional hebdomadaire à Mai 68 et à la place que chrétiens et Eglises ont pris pendant ce mouvement étudiant et social. Une émission à réentendre sans modération (© Pierre Nouvelle).

Emission de présentation de l’émission Il y a 50 ans, le mois de mai 1968 bouleversait la société française, dont les chrétiens sur le réseau radio RCF à réécouter par le lien : https://rcf.fr/actualite/social/mai-1968-lyon-quelle-place-pour-les-chretiens

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