10e Novembre des canuts (6) : conditions de travail, cinéma et CFDT aux Archives municipales de Lyon

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Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272

 

La salle de conférences des Archives municipales affichait complet le 29 novembre 2017 pour un après-midi Cinéma, luttes et conditions de travail © Pierre Nouvelle).

La salle de conférences des Archives municipales affichait complet le 29 novembre 2017 pour un après-midi Cinéma, luttes et conditions de travail (© Pierre Nouvelle).

Dans le cadre de la 10e édition de Novembre des canuts, la CFDT du Rhône (Union interprofessionnelle territoriale Lyon-Rhône (UTI) et Union interprofessionnelle territoriale des retraités Rhône (UTR) a organisé un après-midi et une soirée consacrée aux conditions de travail et aux luttes par le biais du 7e art. Les Archives municipales de Lyon et le cinéma Opéra ont été le cadre de ces interventions culturelles. Retour sur ces événements qui ont lieu le 29 novembre 2017 et ont fait témoigner acteurs syndicaux de luttes sociales et réalisateurs de cinéma.

Joël Hamon (hôital jules Courmont), Michel Lenoir (Berliet) et Auguste Boisson (Rhodiacéta) ont apporté leurs témoignages sur les grèves dont ils ont été acteurs au cours d'un débat animé par Simone Daret © Pierre Nouvelle).

Joël Hamon (hôpital Jules Courmont), Michel Lenoir (Berliet) et Auguste Boisson (Rhodiacéta) ont apporté leurs témoignages sur les grèves dont ils ont été acteurs au cours d’un débat animé par Simone Daret (© Pierre Nouvelle).

La 10e édition de Novembre des canuts vivait cette année une édition particulière puisqu’elle a été le temps d’un homme à son co-créateur Robert Luc. Le travail, l’humain et le cité était le thème de cette manifestation culturelle qui correspondait tout à fait à la personnalité de ce militant et amoureux du quartier qui l’a vu naître et mourir. Tout comme l’après-midi et la soirée du 29 novembre qui était à l’aune de ses engagements syndicaux et politiques, avec la CFDT et le PSU.

Les luttes sociales d’hier et d’avant-hier…

Robert Luc était aussi un amoureux des vieux papiers, et sa lecture aiguisée des numéros de L’Echo de la fabrique, collectés par les Archives municipales de Lyon légitimait, s’il en était besoin, la tenue de l’initiative CFDT dans les anciens locaux du centre de tri postal, devenu lieu de conservation de la mémoire lyonnaise.

En introduction de l’après-midi, Louis Faivre-d’Arcier, directeur des Archives départementales de Lyon a accueilli la centaine de personnes présentes.

Au côté de Valérie Zipper, co-créatrice de Novembre des canuts et metteuse en scène de la compagnie Chien jaune, il a expliqué le lien existant entre archives générales publiques et archives privées, tels les documents syndicaux, comme éléments essentiels pour étudier l’histoire de la ville.

Dans la foulée, Claude Milly a rappelé brièvement la personnalité de Robert Luc, disparu en début d’année 2017, et Croix-Roussien comme lui.

Grèves, CFDT et cinéma

Dans la foulée, en présence de Didier Enault (UTI CFDT Lyon-Rhône) et Gérard Dubreuil (UTR CFDT Rhône) les spectateurs ont pu voir des extraits de journaux de la télévision régionale prêtés par l’Institut national de l’audiovisuel, présentés par Georges Tissot. Ils portaient sur les grèves Berliet (mars 1967) et sur le mouvement de mai-juin 1968 à Lyon et Grenoble.

Le débat a été très soutenu entre les membres du public, souvent acteurs des mouvements sociaux © Pierre Nouvelle).

Ensuite, trois documentaires présentés par Christophe Coupaud, membre du groupe national Maitron étaient proposés sur la lutte des ouvriers immigrés de Penarroya en 1972 à Lyon-Gerland, la grève des étiquettes menée par les salariés de l’Hôpital Jules Courmont (St Genis-Laval) et de l’antenne du laboratoire de l’Institut Pasteur, en 1976, et le long conflit de Rhodiaceta Besançon en 196 en lien avec les salariés licenciés à l’usine de Lyon-Vaise.

Des films témoignages qui ont alimenté le dialogue animé par Simone Daret, entre le public et des animateurs de ces mouvements sociaux  Michel Lenoir (Berliet), Auguste Boisson (Rhodiacéta) et Joël Hamon (Hospices civils de Lyon, Hôpital Lyon Sud).

Les conflits sociaux évqoués par les différents films a suscité nombre de souvenirs parmi le public présent (© Pierre Nouvelle).

Les conflits sociaux évoqués par les différents films a suscité nombre de souvenirs parmi le public présent (© Pierre Nouvelle).

La dureté des conditions de travail

La journée s’annonçait copieuse et elle l’a été. En effet, sur le coup de 20 heures, c’est le cinéma Opéra dirigé par Frédéric Lefort qui prenait le relais avec la projection du film Saigneurs.

En la circonstance, Raphaël Girardot et Vincent Gaullier, les deux réalisateurs avaient fait le voyage de Paris. Pour ceux qui sont complices depuis de nombreuses années et dans de nombreux films, venir présenter leur dernier bébé pour la première fois à Lyon était un honneur.

Une joie aussi d’autant que la projection nocturne d’un film produit par la société Iskra, celle-là même qui fit créée par le cinéaste Chris Marker, dont le documentaire A bientôt, j’espère avait été projeté dans l’après midi. La parole aux deux réalisateurs.

Liberté de filmage et entraves à la projection

Poser caméra et micro dans une usine n’est jamais chose facile. D’abord, en raison de l’activité qui peut être gênée par les procédures de tournage. Mais encore plus, parce que le film qui en sortira révélera des conditions de travail déplorables des salariés.

Et en la matière, dans les abattoirs, il n’y a pas que la souffrance des veaux, vaches et moutons tués, mais encore plus des femmes et hommes dont les procédures de travail broient poignets, colonne vertébrale, genoux et autres épaules.

Frédéric Lefort a accueilli dans la salle du cinéma lyonnais Opéra qu'il anime les réalisateurs Raphaël Girardot et Vincent Gaullier ainsi qu'un des responsables du 10e festival Novembre des canuts (© Pierre Nouvelle).

Frédéric Lefort a accueilli dans la salle du cinéma lyonnais Opéra qu’il anime les réalisateurs Raphaël Girardot et Vincent Gaullier ainsi qu’un des responsables du 10e festival Novembre des canuts (© Pierre Nouvelle).

Et paradoxalement, la société SVA,  a ouvert sans réserve son atelier breton d’Ille -et-Vilaine. Si les réalisateurs ont eu carte blanche pour filmer sans entrave, une fois le film monté, le PDG du groupe alimentaire a voulu empêcher la projection de Vitré, la ville où se situe son activité.

Il faut dire si le slogan du groupe est « La viande par passion », les humains ne sont pas particulièrement protégés. Vincent Gaullier reprend par le menu la vie quotidienne d’n atelier d’abattage et de découpe.

Avec le film, un livre-témoignage

Si vous n’avez pas la chance de voir Saigneurs, le livre A l’abattoir, de Stéphane Geffroy dressera pour vous un panorama exhaustif de la vie dans des ateliers de découpe.

En 50 pages, ce récit publié dans une collection initiée par Pierre Rosanvallon, décrit des conditions de travail emplies de souffrance, mais offre aussi des perspectives d’espérance que génère l’engagement collectif.

Dans ce livre publié dans une collection créée pr Pierre Rosanvallon , Stéphane Geffroy témoigna de l'engagement syndical d'un ouvrier qui peut faire bouger collectivement les situations les plus dures (© DR).

Stéphane Geffroy est en effet militant CFDT dont le témoignage n’a pas fini de faire parler, tant les situations qu’il décrit en disent long sur la dureté des situations de travail. De quoi rappeler le rôle indispensable des Comités hygiène et sécurité des conditions de travail,(CHSCT) que les ordonnances Macron risquent bien d’affaiblir en les incluant dans un comité économique et social où les militants syndicaux pourront être noyés sous l’abondance des tâches à assumer.

Ceci explique la raison du lancement d’une pétition relayée par la CGT et lancée  par des sociologues, des syndicalistes et des salariés, opposés aux ordonnances désormais votées par l’Assemblée nationale et qui seront examinées par le Sénat en janvier 2018,

 

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