
Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)

(©Pierre Nouvelle).
Les deux festivals avignonnais tiraient à leur fin, et pourtant les rues de la Cité des papes bruissait des appels aux spectacles. Une fois l’accréditation délivrée par le bureau du Festival Off, je me suis rendu près des remparts Est, à la Petite Caserne, une agréable salle de spectacle au 119 de la rue de la Carreterie. J’y ai retrouvé avec plaisir Marie-Joséphine Susini dans le rôle d’Anna Magnani. Un vrai régal !

(©Pierre Nouvelle).
Je ne l’avais pas vu depuis trois ans sur les planches. Elle incarnait Gelsomina, son autre spectacle. En ce mois de juillet 2025 en Avignon, elle présentait en alternance deux héroïnes du 7e art.
Deux personnages que Fellini et Rossellini ont placé sous de sombres augures. Tout débute dans la nuit, sur un air de violon. Une vapeur s’élève et la lumière des projecteurs laisse apparaitre une silhouette en contre-jour, telle une apparition christique.
Car c’est de l’au-delà, sur le fond sonore d’une messe de Requiem, que l’actrice et comédienne romaine ouvre le parcours d’une vie qui a sublimé le néoréalisme italien.
« Pazzo, completamente pazzo… »
La Bastiaise a long parcours théâtral à son actif. Amoureuse de son île, elle ne dédaigne pas se produire sur le continent. Comme la compagne de Zampano, elle sillonne les routes et les salles, entre Paris et La Châtre, la Suisse et la Fondation Fellini, et la Provence avignonnaise qu’elle retrouve régulièrement depuis 2017.
Les personnages sombres lui vont à ravir. Et le tragique n’est pas loin avec La Strada, et la vie de cette jeune femme ballotée depuis son enfance avec sa grand-mère, à l’adulte talentueuse qu’elle fut, magnifiée à l’écran et au théâtre par Vittorio De Sica, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Roberto Rossellini, Claude Autant-Lara, entre autres…
La comédienne explique pour quoi elle a choisi d’interpréter Gelsomina et Anna.
Cinéma, théâtre, mais aussi poésie… Marie-Joséphine Susini affectionne ces différents répertoires.
Des textes de Pierrette Dupoyet (Gelsomina) crée en 2006 et d’Armand Meffre (Anna Magnani, le temps d’une messe), la comédienne sait faire éclore les mots qui traverse le temps : l’amour d’une grand-mère, l’amour d’une mère pour son fils Luca, son amour ses compagnons successifs, mais aussi la dureté, le tragique, voire la noirceur de la vie.
Marie-Joséphine Susini parle de poésie et la suite de la tournée des deux pièces.
A l’issue du spectacle, Véronique, une spectatrice, détaillait sa joie d’avoir découvert Marie-Joséphine Susini, et son interprétation d’Anna Magnani.
Après le Vaucluse en juillet, Marie-Joséphine Susini a retrouvé son île début août, pour présenter Gelsomina à Cozzano, Chisà et Anna Magnani au couvent de Sainte-Lucie-de-Tallano. On la retrouvera aussi à Évisa le 6 septembre prochain, toujours dans le rôle de la Magnani.
Gelsomina qu’elle jouait en alternance avec Anna Magnani, le temps d’une messe est une pièce écrite par la comédienne et metteuse en scène Pierrette Dupoyet. Pour la 42e année présente au Festival Off d’Avignon, cette auteure se produisait elle-aussi, dans deux spectacles : Arthur Rimbaud déjà présenté en Avignon, et Les Caisses de la honte, une création 2025 consacrée à Rose Valland, conservatrice du Musée du Jeu de paume à Paris, qui permit le sauvetage de nombreuses œuvres d’art qui ne tombèrent pas aux mains des Nazis.
Nous retrouverons cette artiste dans haut-vol dans notre prochain article.

(à suivre)
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