
Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

(© Pierre Nouvelle).
Mercredi 5 novembre 2025, un groupe de près de 200 personnes issues des départements du Rhône, de l’Isère et de la Saône-et-Loire ont fait un voyage de la mémoire dans les camps de concentration d’Auschwitz 1 et Auschwitz-Birkenau. Pour les jeunes lycéens qui constituaient l’essentiel de cette délégation, c’était une façon de mieux s’informer sur la Shoah. Des élu.e.s locaux les accompagnaient. Retour sur cette journée organisée par l’Amicale des déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie du Rhône.

En parler en classe,voir des films ou lire des livres est une première approche indispensable, mais aller sur le terrain pour arpenter les lieux, où des millions de personnes ont souffert et ont été massacrés est une étape supplémentaire indispensable.
A Oswiecim, entre les deux camps d’Auschwitz 1 et de Birkenau, plus d’un million de personnes ont disparus, victime de la haine nazie. Les Juifs étaient les plus nombreux déportés de la plupart des pays d’Europe, mais aussi des Roms, des prisonniers de guerre soviétiques ou polonais, des résistants au nazisme dont plusieurs milliers de Français, des homosexuels ou personnes atteintes d’un handicap…
Le matin du 5 novembre 2025, le voyage mémoriel s’est effectué dans le camp d’Auschwitz 1 (voir notre précédent article). L’après-midi, c’est sur l’immense plaine de Birkenau que jeunes et adultes ont pu imaginer l’horreur et l’immensité de la tragédie.

(© Pierre Nouvelle).
A Birkenau, plus d’enseigne Arbeit macht frei, mais une voie ferrée et des wagons plombés, d’où par centaines, hommes, femmes et enfants étaient jetés sur la rampe. Les plus faibles étaient directement dirigés vers les fours crématoires…
Bastien Joint, maire de Caluire (Rhône) et plusieurs membres de son équipe municipale accompagnaient une dizaine de jeunes, dans le cadre du Service civique communal.

Pour ce jeune premier magistrat de la sixième commune de la Métropole de Lyon, c’était le premier voyage à Auschwitz. Mais pour lui, il était indispensable d’être aux côtés de jeunes caluirards. Sa collectivité est celle où la Résistance française a été gravement touchée lors de l’arrestation en 1943 de Jean Moulin président du Conseil national de la Résistance.
Gérald Eymard est le maire de Charbonnières-les bains (Rhône) depuis cinq ans. Pour lui aussi, venir avec des élèves de sa commune était indispensable. Et il fait ce voyage à Auschwitz pour la seconde fois.
Il a parcouru avec attention les deux camps de concentration. Au terme de la visite nationale d’Auschwitz 1, il exprime à la fois sa satisfaction mais aussi un regret des conditions de la visite : groupes nombreux, découverte au pas de charge…
Pour être moi-même venu ici en 2005, je partage le point de vue qu’il exprime.
A Birkenau, sur la longue allée qui mène de la muraille d’entrée au monument où les visiteurs se recueillent, les jeunes ont cheminé le long de la voie ferrée, après avoir visité les baraquements où les déporté.e.s étaient enfermé.e.s

(© Pierre Nouvelle).
Auparavant, ils avaient observé avec émotion et effroi les photographies rapportant les conditions d’arrivée dans le camp.

(© Pierre Nouvelle).
Les déporté.e.s rescapé.e.s ont mis longtemps avant de parler pour témoigner. Et pour leurs familles, il en a souvent été de même.
Jean Ferrat (né Tennebaum) a vu Mnacha, son père revenir avec l’étoile jaune que le gouvernement de Vichy avait imposé à la population, devançant souvent les ordres du régime nazi. Il y a quarante ans invité dans l’émission Apostrophes, par notre confrère Bernard Pivot, il levait le voile sur ce pan d’histoire familiale qui a vu son père gazé seux mois apr-s son arrivée à Auschwitz.
(à suivre)
Notre prochain article
Voyage de la mémoire : Des élèves du lycée de l’Édit, entre Roussillon (Isère) et Auschwitz, pour aller de l’ombre à la lumière