Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
En ce premier jour d’automne, une vue sur les vignobles de Côte-Rôtie depuis un des coteaux du hameau de rosier (© Pierre Nouvelle).
Jeudi 21 septembre 2017, c’est la veille de l’automne. Après plus de dix jours de récolte dans le terroir de Côte-Rôtie, les vendanges touchent à leurs fins dans les exploitations installées sur Saint-Cyr-sur-le-Rhône, Tupin-et-Semons et Ampuis, trois communes au sud du département du Rhône. Impressions personnelles et entretiens avec les acteurs et actrices de cette journée sur un terroir planté en cépages syrah et viognier et qui produit des vins en appellation d’originé contrôlée (AOC) Côte-Rôtie et Côtes-du-Rhône ou classés en vin de pays des collines rhodaniennes. Impressions personnelles et entretiens avec des actrices et acteurs de la vendange 2017 dans le cadre d’un des domaines de ce territoire : le Gaec François et fils, installé dans le hameau de Mornas.
21 septembre, l’automne pointe le bout de son nez, et les premières feuilles de vigne commencent à rosir. La journée a débuté à 7h30, et après une pause casse-croûte deux heures plus tard, c’est le temps d’un ultime repas pris à la table de la famille François.
L’ambiance vécue dans les rangs de ceps se poursuit autour du repas concoctée par Michelle la mère de famille (© Pierre Nouvelle).
Le petit moment de récolte qui suivra sous le soleil passera comme une lettre à la poste. La vendange 2017 prend fin sur le coup de 15 heures…
Adrien, salarié de l’exploitation François et fils est un aide précieux pour les vendangeurs novices (© Pierre Nouvelle).
La part des vétérans…
En cette dernière journée de travail, les anciens dans la carrière était tout à leur ouvrage. Tel Jean-Paul un habitant de Reventin-Vaugris.
Les vendangeuses ont le cœur en joie et en redemandent ! Eliane et Jocelyne sont des opératrices expérimentées, qui ont derrière elles déjà la récolte sur deux autres exploitations. Ici, dans ce Gaec familial, et pour une seule journée de travail, l’expérience est réussie. Manifestement, elles terminent ravies dans cette maison qu’elles ont découvertes sur le terrain
La part des vétérans…
Il y a aussi Francis, un autre Viennois. Il termine en ce jeudi sa treizième saison de vendanges. Et comme au premier jour de septembre 2003, où il est venu des terres dauphinoises de la rive gauche du Rhône, il exprime sa satisfaction d’une mission accomplie avec plaisir. entretien aux côtés de Gilbert, un Ampuisais de la plaine, monté vendanger en voisin.
De la centrale EDF à l’érafloir
Quarante années séparent Francis, le vétéran de la bande, et Loïc, un joyeux trentenaire; Cet employé d’une centrale nucléaire EDF de la vallée du Rhône a effectué en ce premier jour d’automne sa quatrième vendange.
Outre le fait de passer entre les rangs pour vendanger les ceps, revenu à la cave, il donne aussi un coup de main pour alimenter l’érafloir qui conduira les grains à mijoter dans les cuves. Il témoigne.
Une fois la vendange rentrée, tout reste à faire en cave. Il faut d’abord décharger le contenu des bennes, procéder à un tri sur une grille et décharger la récolte dans l’érafloir, un appareil qui égrappe en séparant les grains des rafles qui les portent.
Le grand mystère de la cuvaison
Ensuite, par un tapis roulant, les grains prennent la direction de la cuve; où petit à petit le sucre contenu dans le moût va se transformer en alcool au fil de deux fermentations dopées par le travail des levures.
Durant deux à trois semaines de cuvaison, le jus va prendre de la couleur, et le tanin contenu dans la peau des grumes va se diffuser petit à petit conférant au fil des jours la structure dont aura besoin le vin pour s’inscrire dans la durée.
Au côté de son père Jean-Michel, de son frère Erwann et de leur salarié Adrien, Yoann François va être le maître d’œuvre du millésime 2017 (© Pierre Nouvelle).
Retour vers la cave dans une vingtaine de jours pour tester les premiers jus. D’ici là, pour les faire maturer, le vigneron aura l’œil sur l’état des cuves, sur la température. A force de pigeage et de remontage, le jus va prendre de la couleur, affirmer sa structure et stabiliser son degré.
La vendange est terminée dans les vignes et maintenant le millésime 2017 va se jouer en cave. Pour l’heure, c’est le coeur serré que la troupe se sépare (© Pierre Nouvelle).
Du côté des plus jeunes, l’une est repartie vers la faculté de lettres de l’université de Grenoble, et pour trois autres vers leur travail, dans le labo d’une entreprise d’eau et d’assainissement, dans un collège ou dans une centrale EDF. Quant aux retraités, place à la marche, au cinéma, et à la prise de vue photo, sans oublier l’accueil des petits-enfants. Il ne reste plus à cette bande que d’attendre la fiche de paie de la Sécurité sociale agricole (MSA) et les émoluments qui vont avec.
Dans son poste de coupeur, le journaliste honoraire a mijoté son papier (© Pierre Nouvelle).
(Histoire à suivre donc pour un troisième volet de ce carnet de campagne de mes venadnes 2017).