Cinéma : La Chasse, un film à voir

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Des personnages dans des situations complexes

Il ne s’agit pas du nouvel épisode d’une guerre fratricide et politique ! La Chasse, dernier film de Thomas Vinterberg, est sur les écrans depuis le 14 novembre dernier. Doublement primé au Festival de Cannes 2012 prix d’interprétation masuline et prix du jury oecuménique), nos collègues de la presse en parlent peu. Dommage, car les questions qu’il suscite et leur traitement artistique méritent plus qu’un détour. Magali Van Reeth, déléguée en France du réseau médiatique chrétien Signis, et membre du jury du Prix oecuménique au dernier Festival de Cannes explique pourquoi elle a aimé ce film du réalisateur danois.

Si Thomas Vinterberg raconte volontiers que c’est la place de l’homme et de sa virilité dans la société danoise actuelle, qui est à l’origine du film, La Chasse (Jagten) propose une réflexion, consciente ou non, qui illustre parfaitement le concept de la violence et du sacré de René Girard. Pour ce philosophe, toute communauté a besoin d’un bouc émissaire qui, en étant injustement et violemment accusé et chassé, permet au groupe de se souder et d’éliminer toute tension interne.

Rejeté par une communauté rurale

Dans un déroulement implacable, et sans ambigüité quant aux responsabilités de chacun, le réalisateur montre comment une petite communauté rurale du Danemark, bien soudée et chaleureuse, peut rejeter l’un des siens dès lors qu’il est soupçonné d’avoir commis un acte irréparable. C’est-à-dire où le pardon n’est pas possible par ceux qui se sentent offensés. Mis en cause par une institution, Lucas est rejeté par ses amis, meurtris dans ce qu’ils ont de plus sensibles. Autour de ce nouvel appât, la communauté des chasseurs fait bloc pour le rejeter, le paroxysme arrivant le soir de Noël où Lucas est poussé hors de l’église, où tout le village est rassemblé pour communier ensemble…

Les scènes de chasse, qui ouvrent et ferment le récit, sont plus qu’une métaphore mais la réelle mise en scène des violentes tensions qui traversent ce groupe. La justice d’un état ne peut rien contre le doute et la suspicion. Elle peut innocenter mais pas rendre possible le pardon de ceux qui, se croyant victimes, sont devenus bourreaux.

Belle mise en scène et apparente harmonie

La Chasse, à travers la fiction et une belle mise en scène, orchestre des personnages dans des situations complexes et inextricables. L’apparente harmonie du groupe est déchirée par les désordres intimes de chaque individu, qui ne peuvent être révélés que par le biais d’une tragédie. Une fois désigné, rien ne peut innocenter le bouc émissaire qui doit être sacrifié.

S’appuyant sur le travail de l’acteur Madds Mikkelsen, prix d’interprétation au Festival de Cannes, Thomas Vinterberg montre que, même dans les sociétés qui se disent civilisées, et notamment en Europe du nord où se déroule toute l’action du film, la violence reste constitutive de tout groupe humain.

 Magali Van Reeth 

 

 

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