Par Jean-François Cullafroz
La fête est finie et les chefs d’état de dix-huit pays sont repartis, qui en Grande-Bretagne, qui en Russie, aux Etats-Unis… Et même si l’Allemagne était bien présente sur les plages du débarquement, – volonté de célébrer la paix qui règne depuis 70 ans – , la célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie et le Japon n’est pas finie. En effet, après le 6 juin, la défaite allemande a été acquise grâce à l’offensive des armées alliées, à l’Ouest comme à l’Est, largement aidée par les actions multiples de la Résistance.
Pour contrer la remontée des armées allemandes depuis le Sud (notamment la division SS Das Reich), les résistants français et la population prise comme otage par les occupants, ont payé de leur vie la défense de la liberté. A Oradour-sur-Glane comme à St Genis-Laval, quelques jours avant encore la libération de Lyon. Les actions des maquis comme celles des résistants de ville, décidées seules ou sous l’impulsion du Général De Gaulle, se sont inscrites dans une volonté de ne pas se coucher après la défaite de juin 1940.
Lyon, parmi d’autres, a incarné cette détermination. La capitale des Gaules fut, on le sait, la capitale de la Résistance.Et en la matière, la presse et les journalistes furent largement partie prenante. Après l’entrée des Allemands à Paris, la presse nationale se replia à Lyon et continua à paraître durant plus de deux ans. Dans le même temps, des journaux résistants furent créés. Dans la foulée de François de Menthon à Annecy avec Les Petites Ailes à l’automne 1940, naquirent ensuite Combat, Franc-Tireur, Libération qui devinrent aussi les organes d’information des mouvements résistants. Tous les milieux sociaux et sensibilités religieuses et philosophiques furent concernés. Ainsi, à Lyon, virent le jour les Cahiers du Témoignage chrétien, grâce au père jésuite Pierre Chaillet, alors même que dans la Loire, le Rhône et l’Ain fut diffusé Le Coq enchaîné, journal clandestin rédigé par des francs -maçons.
Les journalistes acteurs de la Résistance
Les journalistes prirent aussi toute leur part dans le Combat clandestin. Rappelons que le 11 novembre 1942, dès que les Allemands franchirent la ligne de démarcation et entrèrent en zone Sud, le quotidien lyonnais Le Progrès décida de se saborder. Le patron Emile Brémond, authentique républicain, était en plein accord avec la rédaction et les ouvriers du Livre qui avaient déjà des contacts avec la Résistance.
Marcel Gabriel-Rivière fut de ceux là, tout comme René Leynaud ou Yves Farge. Ce dernier fut un des acteurs de la libération de l’agglomération lyonnaise, nommé commissaire de la République (préfet) par le général De Gaulle. De leur côté, de nombreux ouvriers du Livre, typographes ou linotypistes employés dans des ateliers de journaux collaborateurs comme Le Nouvelliste, Le Salut public ou Lyon Républicain, facilitèrent la confection des journaux et revues résistantes clandestines.
Historien, membre de la rédaction du quotidien Le Progrès, Gérard Chauvy vient d’écrire un nouvel ouvrage sur la période. Il revient sur la place des journalistes dans les actions de la Résistance entre Rhône et Saône au micro de François Dalla-Riva.