Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Il y a quelques jours, notre collègue Fabrice Nicolino déflorait sur France Culture l’appel lancé dans le sillage du livre qu’il a écrit avec François Veillerette. Alors que l’écologie n’a plus aucun défenseur au sein du gouvernement Macron depuis la démission de Nicolas Hulot, il est encore plus nécessaire que la population se fasse entendre. Signer cet appel, c’est s’inscrire dans la foulée des marches pour le climat initiées en France, dans le cadre d’un mouvement mondial. Fabrice Nicolino est militant CFDT-Journalistes et François Veillerette, élu régional membre d’Europe-Écologie-les-Verts. Présentation de l’appel et explications.
Appel des 100 pour l’interdiction de tous les pesticides DE SYNTHÈSE
Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises.
Les pesticides sont une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant. Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Il y en a des milliers.
Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans; la moitié des papillons en vingt ans; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares.
Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde ! Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection. Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides* en France. Assez de discours, des actes.
Vous aussi, vous pouvez participer à cette campagne en signant cet appel : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Selon plusieurs études scientifiques récentes, les populations d’insectes ont chuté de près de 80 % en Europe en trente ans, alors qu’un tiers des oiseaux des champs ont disparu en 15 ans en France. Face à ces statistiques et après l’aveu d’impuissance de Nicolas Hulot, une centaine de citoyens ont choisi de se mobiliser pour « un monde dans lequel il y aura des coquelicots, des abeilles, des oiseaux, et des humains qui seront moins malades ».
Le journaliste et essayiste Fabrice Nicolino est co-auteur avec François Veillerette du manifeste Nous voulons des coquelicots publié aux éditions Liens qui Libèrent en même temps qu’un grand appel pour réclamer l’arrêt complet de l’usage des pesticides qu’on retrouvera dans les pages de Charlie Hebdo.« Toutes les politiques de réduction des pesticides ont échoué parce qu’elles se heurtaient au pouvoir des lobbies. Le plan Ecophyto a couté des milliards d’euros pour rien : on annonçait en 2008 une baisse de 50% des pesticides en dix ans. Au lieu de cela, la consommation a augmenté de 12% sur cette période.
La FNSEA est structurellement liée à l’univers marchand des pesticides : Xavier Beulin, ancien président de la FNSEA était dans le même temps patron du groupe Avril, une holding agro-industrielle au chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros.
Quand on oppose les lobbies industriels et les lobbies de protection de la nature, ça n’a pas de sens. Ça n’est pas la même chose : les uns défendent des intérêts industriels et les autres se battent pour l’intérêt général, et ils n’ont pas du tout les mêmes moyens financiers », écrit Fabrice Nicolino.
Notre confrère a aussi écrit une vingtaine de petits livres, pour enfants et adultes, qui expliquent tous sous un angle différent la situation de la planète et les dérives d’une agriculture productiviste en France, dont le dernier en date était celui-ci.