Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
La protestation était dans les rues françaises ce mardi 30 janvier et les médias ont contribuer à amplifier le mouvement. Personnels des Ehpad et des services de soins à domicile, en grande partie des femmes, clamaient leurs revendications. Leurs conditions de travail déplorables, leur mal-vivre face à une maltraitance institutionnelle, rejoignaient les demandes des retraité.e.s. L’ensemble des organisations syndicales de salarié.e.s et de retraité.e.s (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, Unsa, Sud) avaient appelé à cette journée de grève et de manifestations. Échos sonores et entretiens recueillis entre Rhône et Saône dans les rues de Lyon.
Un millier de manifestants, selon les syndicats (annonce de la CGT) et selon les renseignements de la police, tel est le verdict du défilé lyonnais des personnels des Établissements hospitaliers de personnes âgées dépendantes (Ehpad) et des services de soins à domicile auxquels s’étaient joints des retraités de toutes les organisation syndicales.
Le défilé s’est déployé sur quatre kilomètres, entre l’angle de la Rue du Pensionnat et de la rue Garibaldi, où siège l’Agence régionale de santé (ARS), et la préfecture de région.
Le manque de personnel (0,6 personne par malade), les conditions de travail épuisantes et le mal-vivre au travail sont au cœur du malaise vécu quotidiennement. Des situations qui conduisent à une « maltraitance institutionnelle » des personnes hébergés en Ehpad et à une souffrance au travail des salariés.
Une demie-heure d’attention par jour…
D’ailleurs, des panneaux portés durant la manifestation détaillait le temps que les personnels peuvent consacrer à leur patient : à peine une demi-heure en tout et pour tout, du lever au coucher/ c’est dire !
Les retraité.e.s solidaires des salarié.e.s
D’un bout à l’autre du département du Rhône comme de l’agglomération lyonnaise et du reste de la France; le refrain est le même : on est à bout. Lucie travaille dans le milieu des Ehpad depuis quinze ans.
Militante syndicale CFDT, cette aide-soignante explique ce que sont ses conditions de travail dans un établissement de l’Est-lyonnais.
Les salarié.e.s étaient majoritaires dans le cortège syndical. Infirmières, aides-soignantes, agents de service ou de restauration, mais aussi employé.e.s des services de soins à domicile et auxiliaires de vie étaient au coude à coude.
Elles et Ils étaient réuni.e.s une unité intersyndicale dont la dernière démonstration remontait au mouvement des fonctionnaires du 10 octobre 2017. A noter aussi la présence de directeurs de maisons de retraite notamment dans le secteur public.
Même si nationalement, les organisations de retraités n’avaient pas signé d’appel commun, toutes étaient ici dans la rue;
Marie-Françoise Roset suit le dossier des Ehpad et de la santé des personnes âgées au sein du syndicat des retraités (UTR) CFDT dans le Rhône; pour elle, la présence des retraité.e.s au côtés des salarié.e.s s’imposait.
Ehpad et hôpitaux publics : la même misère !
En bout de manif, une délégation de salariés du service des urgences de l'(Hôpital Lyon-Sud était présente.
Car qu’il s’agisse de budget pour la dépendance et la perte d’autonomie, ou de subventions aux hôpitaux, la ligne ministérielle est la même. Avec une limitation des moyens, c’est le personnel qui est à la peine.
Loïc Juvigny, infirmier souligne la dégradation de l’accueil dans les services publics hospitaliers.
Le constat effectué au quotidien dans aux urgences de Lyon-Sud rejoint les difficultés enregistrés dans tous les services, quelles que soient les spécialités. C’est donc un appel au secours qu’ont lancé mardi 30 janvier les syndicats des personnels de santé.
Eliane Dassies, permanente syndicale du syndicat CFDT Santé-sociaux du Rhône, brosse le tableau de la situation de la santé en France.
Le gouvernement aura-t-l entendu l’appel ?
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé aura-t-elle entendu le cri de la rue ? sura-t-on si au delà de l’annonce d’une rallonge de 50 millions d’euros, une démarche soutenue sera mis en marche par le gouvernement d’Édouard Philippe et le président Emmanuel Macron ?
Une affaire à suivre pour eux et pour tous les personnels et personnes âgées. La manière dont on traite les « moins jeunes » ne dit-elle pas beaucoup de l’avenir qu’une société se prépare.